Pierre Marty, premier invité de la Cour de Bernis, nouveau lieu culturel à Nîmes

  • Après l’incendie de sa maison, Pierre Marty a commencé à travailler autour du feu et du noir.
    Après l’incendie de sa maison, Pierre Marty a commencé à travailler autour du feu et du noir. - Stéphane Cerri
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L’hôtel particulier de Bernis à Nîmes accueille désormais expositions et concerts.

L’hôtel de Bernis est le dernier hôtel particulier habité de l’Écusson, dans la même famille depuis le XIIIe siècle. "Nous voulons remettre le lieu dans la carte culturelle nîmoise", explique Emma Godebska, qui se souvient de l’époque où son père François Godebski accueillait sur place ses amis artistes ou des chanteurs de flamenco.

Après la mort de François, sa soeur Isabelle Dauge, récemment disparue, a lancé de grands travaux. "Pendant 25 ans, elle s’est beaucoup engagée et a sauvé la maison", témoigne son mari Yves. "Et maintenant, que faire de cette maison qui est la nôtre ? Les temps changent, il faut s’adapter à la vie actuelle", s’interroge Sébastien Dauge, leur fils qui souhaite ouvrir la maison vers l’extérieur, en accueillant des événements culturels et se plaît à rappeler la pensée de Victor Hugo selon lequel "le patrimoine appartient à celui qui le regarde". C’est d’autant plus évident, qu’en face, l’hôtel Boudon présente également une saison musicale avec Les Volques (nous y reviendrons). Ainsi est née l’association La Cour de Bernis, qui accueillera dans ce lieu hors normes des expositions et des spectacles.

"Typiquement un travail de résilience"

Pour ce premier rendez-vous, le plasticien Pierre Marty présente ses créations autour du feu. "Au départ, j’ai commencé à travailler avec les poutres brûlées de ma maison, c’est typiquement un travail de résilience. J’ai voulu montrer quelque chose de ma maison qui avait disparu, je n’ai voulu être artiste", explique-t-il. S’inspirant des principes japonais du kintsugi, consistant à sublimer les blessures des céramiques brisées grâce à l’or, il tranche les poutres, pour y apposer délicatement des dessins géométriques à la feuille d’or. Cela permet à Pierre Marty de rechercher la lumière, à la façon d’un alchimiste.

Après l’incendie de sa maison, Pierre Marty a commencé à travailler autour du feu et du noir.
Après l’incendie de sa maison, Pierre Marty a commencé à travailler autour du feu et du noir.

À partir de là, l’artiste s’est lancé dans un travail autour du feu, de la brûlure. Du noir… Mais comment faire après Soulages ? Pierre Marty n’ignore pas le travail de son aîné, il fait avec et cherche ailleurs. Avec de l’enduit tenté dans la masse, il maçonne des toiles et des bas-reliefs, jouant avec la dégradation et la sublimation, avec l’art pariétal et la paréidolie. Il trace des racines, pétrifie les flammes, construit des villes et dans un art abstrait, interroge le monde. "La maison brûle, dit-il, et j’essaie de faire en sorte qu’on ne regarde pas ailleurs, sans violence et sans moralisme."

Jusqu’au dimanche 12 mai. Tous les jours, 11 h-20 h. Rencontre avec l’artiste mercredi 8 mai, 16 h. Hôtel de Bernis, 3 rue de Bernis, Nîmes. Entrée libre. 06 10 64 42 59.

Concerts intimistes dans la cour

La Cour de Bernis accueillera régulièrement des concerts, "environ une fois par mois pendant les beaux jours, d’avril à octobre", présente Emma Godebska. À l’air libre, avec une petite jauge, place à des interprètes classiques ou à de la musique du monde. Le premier rendez-vous aura lieu vendredi 31 mai, à 20 h avec la chanteuse et conteuse franco-ivoirienne Coralie Vabé. Adhésion à l’association La Cour de Bernis 20 €.

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