Guerre en Ukraine : qui est Andreï Belooussov, le nouveau ministre de la Défense russe nommé par Vladimir Poutine ?

  • Andreï Belooussov, 65 ans, succède à Sergueï Choïgou à la tête du ministère de la Défense russe.
    Andreï Belooussov, 65 ans, succède à Sergueï Choïgou à la tête du ministère de la Défense russe. MAXPPP - Gavriil Grigorov/Kremlin Pool
Publié le
AVEC AFP

Après avoir limogé dimanche soir son emblématique ministre de la Défense Sergueï Choïgou, en poste depuis 2012, lors d’un remaniement surprise, quelques jours après son investiture pour un cinquième mandat, Vladimir Poutine a nommé à sa place Andreï Belooussov.

Andreï Belooussov, le nouveau ministre russe de la Défense, n’a rien d’un militaire. Et le choix de ce technocrate partisan d’une économie étatisée illustre combien le conflit en Ukraine est devenu central pour l’Etat et l’économie russes.

Nomination surprise

La nomination de celui qui était un vice-Premier ministre est arrivée comme une surprise dimanche 12 mai mais celle-ci en dit beaucoup sur l’état d’esprit du président Vladimir Poutine, après plus de deux ans d’assaut contre l’Ukraine et à un moment où l’économie a été réorientée vers l’effort de guerre.

Pour le politologue indépendant Konstantin Kalatchev, avec cette promotion, le Kremlin signifie être engagé dans "une guerre longue et grave, dont le principal objectif est d’épuiser, de rendre exsangue l’ennemi, de fatiguer et d’irriter ses alliés" occidentaux.

Au regard de son profil, Andreï Belooussov, 65 ans, ne devrait pas avoir la haute main sur les décisions militaires mais il sera le gestionnaire du colossal budget de la défense, notamment des investissements dans l’industrie militaire, et le garant du bon traitement des anciens combattants et des blessés.

S’exprimant ce lundi 13 mai devant une commission du parlement russe, il n’a d’ailleurs pas abordé la campagne en cours. Interrogé par les élus, il a en revanche promis de s’attaquer à "une bureaucratie excessive" au sein du ministère de la Défense ou encore de régler la question de la "mise à disposition de logements" aux anciens combattants.

Le sexagénaire sait aussi que son ministère n’est pas étranger aux scandales de corruption, ainsi que l’a montré l’arrestation fin avril du vice-ministre Timour Ivanov, qui était chargé du BTP.

"Une personne de confiance pour Poutine"

"La nomination de Belooussov […] signifie le début d’un audit majeur et d’une restructuration de tous les modèles financiers", croit savoir la chaîne Telegram russe, Rybar, considérée comme étant proche des militaires.

Avec lui, le président russe a aussi quelqu’un qui a déjà fait ses preuves en participant à la réorganisation, sous la coupe de l’État, d’une économie soumise aux sanctions occidentales mais restée très résiliente grâce notamment aux commandes militaires.

"C’est une personne de confiance pour Poutine, en particulier s’agissant des questions économiques", note Rybar. Avec cet économiste aux cheveux blancs, la Russie semble donc s’engager durablement vers une croissance économique portée par le secteur de la défense.

"Il est très important d’adapter l’économie du bloc sécuritaire à l’économie du pays", a plaidé dimanche soir le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, soulignant que le nouveau ministre sera "ouvert à l’innovation" pour assurer la victoire sur le champ de bataille.

"Aujourd’hui, la personne la plus forte est celle qui peut combiner la guerre et l’économie de la manière la plus douce pour le pays", a commenté le correspondant de guerre russe défenseur des thèses du Kremlin Alexandre Sladkov, suivi par près d’un million d’abonnés sur Telegram.

Aux yeux de Vladimir Poutine, Andreï Belooussov, visé par des sanctions américaines, britanniques et européennes, a donc le profil idoine.

Ascension linéaire

Né en 1959, fils d’un économiste soviétique reconnu, ce diplômé de l’Université d’État de Moscou en 1981 a lancé sa carrière à l’Institut de prévisions économiques de l’Académie des sciences russe.

Son ascension à la chute de l’URSS est linéaire, preuve d’une loyauté sans faille, malgré le poids important dans les cercles du pouvoir des "libéraux", ces partisans d’une ouverture toujours plus grande de l’économie russe aux capitaux étrangers.

Entre 2000 et 2006, il est conseiller indépendant auprès des différents Premiers ministres qui se succèdent au cours des deux premiers mandats présidentiels de Vladimir Poutine, avant de devenir vice-ministre de l’Économie et de le rester jusqu’en 2008.

Cette année-là, le président russe devient Premier ministre, dans un tour de passe-passe avec Dmitri Medvedev, et Andreï Belooussov prend la tête de l’équipe chargée des questions économiques et financières au sein de son gouvernement.

Il est ensuite promu ministre du Développement économique, fonctions qu’il assumera de 2012 à 2013, avant d’être conseiller économique de Vladimir Poutine jusqu’à début 2020.

Il traverse la pandémie de Covid puis les deux premières années du conflit en Ukraine au poste de vice-Premier ministre, s’occupant entre autres des mesures de soutien aux entreprises russes.

L’un des derniers gros dossiers de Andreï Belooussov était la "souveraineté technologique" de la Russie, un domaine dans lequel la Russie est à la traîne et qui est affecté par les sanctions.

Voir les commentaires
Sur le même sujet
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?

Les commentaires (1)
Lily Il y a 19 jours Le 13/05/2024 à 18:49

le regard de son maitre....