Véhicules incendiés, magasins pillés, affrontements… pourquoi la Nouvelle-Calédonie est-elle en proie à de vives tensions ?

  • Les indépendantistes voient dans la réforme un passage en force de l’État pour "minoriser encore plus le peuple autochtone kanak".
    Les indépendantistes voient dans la réforme un passage en force de l’État pour "minoriser encore plus le peuple autochtone kanak". AFP - THEO ROUBY
Publié le , mis à jour

L’archipel du Pacifique Sud connaît une forte mobilisation depuis quelques jours contre une réforme constitutionnelle examinée ce lundi 13 mai à l’Assemblée nationale, à laquelle s’opposent les indépendantistes.

Véhicules incendiés, magasins pillés, affrontements entre manifestants et forces de l’ordre… des violences émaillaient la nuit de lundi 13 à mardi 14 à Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, alors que l’Assemblée nationale française doit se pencher ce mardi 14 mai sur une révision constitutionnelle dénoncée par les indépendantistes.

À l’entrée de la "capitale" de Nouvelle-Calédonie, principale ville touchée par ces violences, une importante usine spécialisée dans l’embouteillage a été victime d’un incendie volontaire et totalement ravagée par les flammes.

Plusieurs supermarchés ont été pillés à Nouméa, mais aussi dans les villes limitrophes de Dumbéa et du Mont-Dore. Au moins deux concessions automobiles étaient également la proie des flammes en fin de soirée ce lundi 13 mai.

Depuis la tombée de la nuit, gendarmes mobiles et policiers sont aux prises avec des jeunes manifestants masqués, qui se sont notamment emparés de plusieurs ronds-points. Des feux ont été allumés sur la chaussée pour entraver la circulation tandis que des tirs de lanceur de balles de défense et de grenades de désencerclement se font entendre dans toute l’agglomération.

Dégel du corps électoral

Les premières altercations avec les forces de l’ordre ont commencé dans la journée, en marge de la mobilisation indépendantiste contre la réforme constitutionnelle examinée ce lundi 13 mai à l’Assemblée nationale à Paris, qui vise à élargir le corps électoral aux élections provinciales, cruciales en Nouvelle-Calédonie.

Établi en 1998 par l’accord de Nouméa, le corps électoral est en effet gelé, ce qui a pour conséquence, 25 ans plus tard, de priver de droit de vote près d’un électeur sur cinq.

Pour le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, qui a porté cette réforme constitutionnelle, cette disposition "n’est plus conforme aux principes de la démocratie". Mais les indépendantistes critiquent à l’inverse un dégel qui risque de "minoriser encore plus le peuple autochtone kanak".

Un "déblocage progressif" ordonné

Dans un communiqué publié avant les violences de la nuit, le Haut-Commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie Louis Le Franc a condamné "les blocages de voies publiques qui ont lieu depuis ce matin et les nombreuses prises à partie des fonctionnaires de police et des militaires de la gendarmerie nationale".

Il a précisé avoir donné l’ordre du "déblocage progressif" des axes occupés dans la journée et demandé "que les délinquants mis en cause dans ces actions illégales soient interpellés".

La vente d’alcool et le transport d’armes seront interdits sur l’ensemble du territoire calédonien mardi et mercredi, est-il précisé dans le communiqué.

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