Pour les clients de la société de construction de l’ex-imam bagnolais Mahjoub Mahjoubi, "on est des dommages collatéraux de son expulsion"

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  • Plusieurs chantiers ont été arrêtés suite à l’expulsion de l’imam Mahjoubi, qui détient 49 % des parts de Provence Villas.
    Plusieurs chantiers ont été arrêtés suite à l’expulsion de l’imam Mahjoubi, qui détient 49 % des parts de Provence Villas. D.R.
Publié le , mis à jour

Regroupés en collectif, les clients de la société Provence Villas, basée à Bagnols-sur-Cèze et dont Mahjoub Mahjoubi détient 49 % des parts, ont perdu de l’argent. Ils ont lancé une cagnotte.

Depuis l’expulsion de l’imam Mahjoub Mahjoubi vers la Tunisie, le 22 février dernier, après avoir été accusé de prêches polémiques, dans la mosquée At-Tawba de Bagnols-sur-Cèze, une quinzaine de clients de la société de construction de maisons individuelles Provence Villas – basée à Bagnols-sur-Cèze et détenue à 51 % par l’épouse de l’imam et à 49 % par lui-même –, se sont regroupés en collectif pour tenter de récupérer leur argent.

Tous ont en effet versé des avances pour des travaux qui n’ont pas été réalisés. " À nous tous, on a perdu plus de 250 000 euros" déplore un Gardois (il préfère rester anonyme), qui s’était adressé à Provence Villas pour faire construire sa maison dans un village du Gard rhodanien. "En comptant les artisans et fournisseurs qui ont été lésés, c’est presque un demi-million d’euros !" estime-t-il.

Dépôt de plaintes

"Depuis l’expulsion de Mahjoub Mahjoubi, qui gérait les chantiers, celui de ma maison est à l’arrêt !" s’inquiète ce Gardois. "Les travaux ont commencé en avril 2023. Ils avançaient tranquillement. Je payais les factures en avance, les travaux étaient effectués. En février, j’ai encore payé 20 000 € pour l’électricité, le chauffage, le gainage, l’isolation… – mais rien n’a été fait". Fin avril, il décide de faire appel à un huissier et souhaite "déposer une plainte pour escroquerie et abus de confiance". À plusieurs reprises, il a joint Mahjoub Mahjoubi, "il dit que c’est lui la victime. Quand je lui demande où est mon argent, il dit qu’il a disparu."

Keven Peuvrel, infirmier hospitalier dans le Vaucluse, est dans le même cas. "Je suis celui qui a perdu le plus, près de 60 000 euros" souligne ce jeune père de famille qui avait lui aussi choisi Provence Villas pour devenir propriétaire. "J’ai payé 102 000 euros mais je n’ai que le quart de la maison, que les murs. On devait emménager en juin". À plusieurs reprises, il rencontre Mahjoub Mahjoubi sur le chantier démarré en juin 2023, mais depuis mi-avril, il n’a plus de réponses à ses messages. "Je payais à l’avance car il inspirait confiance…" confie-t-il.

"Je ne pense pas revoir mon argent"

Des artisans ont également maille à partir avec Provence Villas. "Il me doit 18 000 euros", une somme accumulée au fil des mois, déjà avant l’expulsion de l’imam bagnolais, explique l’électricien de ML Elec. "La gestion de la société était mal faite, l’expulsion, ça complique les choses. Depuis, son comptable a arrêté. J’ai pris un avocat pour une mise en demeure, j’ai lancé une procédure judiciaire" affirme le Gardois qui ne se fait pas d’illusions, "je ne pense pas revoir mon argent, d’autant plus si Provence Villas dépose son bilan".

Pour trouver des solutions, Keven Peuvrel tente d’alerter le monde politique. "Je suis en train de faire des courriers au président de la République, au Premier ministre…. J’avais envoyé des courriers aux députés du Gard et du Vaucluse…". Parallèlement, il a fait faire un constat d’abandon de chantier et a "porté plainte contre la société Provence Villas et contre Mahjoub Mahjoubi et sa femme".

L’infirmier ne cache pas qu’il est aujourd’hui en difficulté financière entre son loyer à payer et le prêt de sa maison non terminée à rembourser. "Je me sens pris à la gorge".

Désormais, le collectif de clients cherche un avocat qui "veuille bien nous prendre en commun, c’est compliqué. On pense qu’il n’y a pas de solution, on n’a que nos yeux pour pleurer. On est des dommages collatéraux de l’expulsion de Mahjoub Mahjoubi. L’État doit assumer" estime-t-il.

Sans illusion sur la possibilité de récupérer l’argent avancé, ces clients ont lancé une cagnotte leetchi. "Ça permettra de nous aider" espèrent-ils.

Une cagnotte sur leetchi pour compenser les pertes des clients

Les clients de la société Provence Villas, réunis en collectif, ont lancé une cagnotte sur leetchi.com. Intitulée "Victimes de l’ex- imam de Bagnols-sur-Cèze M. Mahjoubi", elle vise à récolter 271 000 €, soit la somme qu’ils ont perdue.

Les signataires du texte accompagnant la cagnotte énumèrent les sommes qu’ils ne reverront sans doute plus, entre 6 000 euros et 60 000 euros chacun, la majorité d’entre eux ayant perdu dans cette affaire plus de 20 000 euros.

"Le commercial de la société a tout fait pour nous aider"

Les clients de Provence Villas ont pu compter sur le commercial de la société basée à Bagnols-sur-Cèze. "Monsieur Hatton fait tout pour nous aider" expliquent plusieurs d’entre eux. "C’est quelqu’un de très professionnel et correct".

Un commercial qui subit depuis mardi 14 mai des insultes par téléphone ou sur les réseaux sociaux après avoir été cité dans une émission de radio à grande écoute. "On m’a piégé au téléphone !" souligne le Bagnolais qui rappelle que "la société avait des difficultés de gestion avant l’expulsion de Mahjoub Mahjoubi. Il était seul à gérer les chantiers. Son expulsion a tout accéléré".

"On a cherché des solutions pour que les clients lésés récupèrent leur argent mais il n’y en a pas" regrette-t-il tout en rappelant qu’il n’a "jamais eu de visibilité sur les comptes de la société". Désormais il attend que Provence Villas dépose son bilan pour tourner enfin la page de cette affaire dont il subit lui aussi les conséquences.

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Les commentaires (16)
J'ail'impressionque Il y a 15 jours Le 17/05/2024 à 16:30

L'article indiquait que cette femme ne parlait pas français, mais cette précision a été retirée....

Ha oui Il y a 15 jours Le 17/05/2024 à 08:19

Ce qui n'arrange pas les choses , c'est que l'imam est expulsé , et donc à l'abris !

miledieu Il y a 15 jours Le 17/05/2024 à 07:55

La prochaine fois certains réfléchiront à 2 fois avant de choisir les artisans.....