"On a même interpellé Mark Zuckerberg" : le festival Palmarosa à Montpellier en péril suite au blocage inexpliqué de son compte Instagram
S’il contribue à accroître le business des utilisateurs, la plateforme Instagram peut aussi précipiter leur perte. Le festival Palmarosa est en train de faire les frais d’une suspension inexpliquée de son compte depuis plusieurs jours. L'incident est malvenu, John Bertrand lance clairement un appel à l'aide municipale.
"Cette page n’est malheureusement pas disponible ! Le lien que vous avez suivi est peut-être rompu, ou la page a été supprimée". Le festival Palmarosa est en train de faire les frais catastrophiques d’une suspension inexplicable de son compte Instagram, comme cela semble se produire de plus en plus fréquemment pour des centaines d’utilisateurs dans le monde.
Celle-ci est intervenue il y a deux semaines environ, sous l’effet d’un robot censé veiller à la défense de l’écosystème. S’il détecte une violation des conditions d’utilisation, il peut bloquer ou désactiver un compte.
70 % de la billetterie passe par Insta
Exit les propos violents, homophobes, racistes, etc. "C’est l’antithèse de nos valeurs, nous n’avons enfreint aucune règle d’utilisation. Pour les droits d’auteur, nos contenus respectent un contrat de cession depuis trois ans avec les artistes pour assurer leur promotion avant le festival", maintient John Bertrand, directeur du festival.
Mais si l’abus de likes et de messages est tout aussi dangereux pour la santé du compte, sachez-le, on se demande bien ce qui a valu un tel bannissement de la plateforme sans autre forme de procès. "Le festival est dans trois mois, on met énormément de moyens en sponsoring. 70 % de notre billetterie passe par Insta, où se trouve le plus gros de notre communauté. Le festival, c’est 8 000 festivaliers chaque jour, pendant 3 jours !".
"C’est une base de données que l’on nous vole !"
C’est d’abord un mail émanant de Meta qui les prévient de la suspension. L’erreur est humaine. Les robots en font aussi ! Mais sur Insta, elle est irréversible, la suppression est par la suite une conséquence inévitable et naturelle. "Le pire, c’est que ceux qui nous supprimeront seront dans l’incapacité de nous dire pourquoi ! C’est toute une base de données clients qu’on nous vole". Que l’on sache, il n’existe aucune jurisprudence relative à ce genre d’incident.
À l’heure où le festival ne sait pas s’il pourra pérenniser son projet à Montpellier (lire ci-dessous), cette suspension de la plateforme est une tuile.
Quel avenir pour Palmarosa ?
Avec des têtes d’affiche telles que Phoenix, Gossip ou The Kills, en 2024, les prévisions en termes de festivaliers sont de 24000 personnes sur trois jours, du 23 au 25 août. John Bertrand estime à 750 000 €, les retombées économiques indirectes (hôtels, restaurants, etc.), compte tenu d’une clientèle à la moyenne d’âge de 41 ans.
Pour autant, "nous ne savons pas si nous allons pouvoir pérenniser ce projet à Montpellier. Sur un budget global de 2 millions d’euros, nous ne percevons pas le moindre centime d’aide des collectivités publiques", regrette John Bertrand. "Le déjà fragile modèle économique de notre jeune festival dont c’est la 3e édition, vacille un peu plus devant l’inflation des coûts et les tendances à l’achat tardif des billets."
La municipalité met le site de Grammont à disposition à titre gracieux, "mais nous avons besoin d’un cap, de soutien des collectivités […] afin d’asseoir Palmarosa parmi les grands rendez-vous culturels de l’été dans le Sud… ou purement marquer la fin de ce projet".
L’erreur fatale a peut-être été de répondre à ce formulaire de réclamation "où l’on se justifiait de n’avoir enfreint aucune règle. Ce qu’on ne savait pas, c’est que l’on avait une chance sur deux pour que ce soit un robot qui l’examine, et non pas un être humain !" Quelque chose a fortement déplu à l’algorithme, mais quoi ?
Un budget Meta de 70 000 €
"Nous avons créé notre campagne de publicité sur Meta Business Manager, sur une cible, des dates, un budget. On peut y verser 400 euros par jour par exemple. À l’heure actuelle, trois personnes au festival gèrent le compte pour investir intelligemment les 70 000 € de communication ! On perd 2 000 à 3 000 euros par jour".
"Il faut qu'un humain mette les mains dans le cambouis !"
Le festival a aussi la possibilité, via son compte certifié, d’avoir l’assistance d’un conseiller. "Hélas ce sont des gens qui sont au Portugal ou en Irlande. On n’a pu l’avoir qu’une fois, et puis plus rien. Il n'y aurait que 4 personnes sur le territoire français habilitées à traiter les problèmes". Pour John Bertrand, qui le clame haut et fort : "Il faut qu’un humain mette les mains dans le cambouis et réactive notre compte, ou bien…"
Ou bien, c’est peut-être l’existence du festival qui est menacée. "On a même interpellé Mark Zuckerberg, propriétaire de Meta. On est en péril, personne ne répond, l’inertie est interminable…".
Face à l’écran désespérément vide, recréer un compte est inutile. "Ce sont des mois de travail que l’on ne retrouve plus…"
J'ai déjà un compte
Je me connecteVous souhaitez suivre ce fil de discussion ?
Suivre ce filSouhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?