Des garçons aux capacités cognitives réduites, des filles plus à risques d’obésité et de diabète… la pollution de l’air affecte la santé du bébé
En étudiant le placenta de 1500 femmes enceintes, des chercheurs de l’Université Grenoble-Alpes et de l’Inserm montrent comment une exposition à la pollution de l’air pendant la grossesse impacte le développement du foetus, et du bébé à la naissance. Leur étude est publiée dans The Lancet Planetary Health.
"Comment l’exposition à la pollution de l’air pendant la grossesse impacte-t-elle son bon déroulement et le développement de l’enfant à naître ?" En étudiant le placenta de 1500 mères, des chercheurs de l’Inserm et de l’université de Grenoble parviennent, dans une étude publiée dans The Lancet Planetary Health, à des conclusions alarmantes.
En modifiant l’expression des gènes, la pollution de l’air "altère le développement du foetus, en particulier aux niveaux métabolique, immunitaire et neurologique", potentiellement à long terme, conclut l’étude. Focalisée sur trois polluants, le dioxyde d’azote et deux catégories de particules fines, elle montre aussi que l’impact diffère selon que l’enfant à naître est un garçon ou une fille.
Chez les garçons, ce sont les gènes impliqués dans "le développement du système nerveux et de l’intellect" qui sont altérés.
Chez les filles, les modifications des gènes impliqués dans le développement foetal et la régulation du stress oxydatif "pourraient être associées à des défauts de développement susceptibles d’augmenter le risque de développer plus tard des maladies chroniques métaboliques" comme "l’hypertension, le diabète, l’obésité". Le risque de fausse couche et de pré-éclampsies, une élévation de la pression artérielle et de la quantité de protéines présente dans les urines responsable d’un tiers des naissances de grands prématurés en France, est également mis en avant.
"Une plus grande vulnérabilité des enfants de sexe masculin"
Autre particularité : c’est pendant au début de la grossesse, au cours du premier trimestre, que les enfants garçons sont impactés. Pour les filles, en fin de grossesse, au troisième trimestre.
Le phénomène, qui se manifeste dès la naissance, n’est pas marginal : "Un tiers des modifications de l’ADN placentaire étaient directement associées avec des indicateurs du développement de l’enfant", en particulier "le poids et la taille de naissance, le périmètre crânien, la durée de la grossesse".
Pour Lucile Brosérus, chercheuse Inserm et première autrice de la publication, "ces observations viennent appuyer les études de plus en plus nombreuses à associer l’exposition à la pollution de l’air pendant la grossesse et une atteinte du neurodéveloppement, et/ou une réduction des capacités cognitives, avec une plus grande vulnérabilité des enfants de sexe masculin".
Johanna Lepeule, chercheuse Inserm, au sein de l’Institut pour l’avancée des biosciences (Inserm/CNRS/Université Grenoble Alpes), estime pour sa part que les résultats, obtenus sur une cohorte française, "devront être vérifiés dans des populations d’autres régions géographiques et avec des profils génétiques différents".
J'ai déjà un compte
Je me connecteVous souhaitez suivre ce fil de discussion ?
Suivre ce filSouhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?