"Si la République avait gardé les yeux ouverts, elle aurait vu les bleus, les larmes, la peur", le témoignage choc de Mathilda, enfant placée

  • L’adjudante Léa Milheau, Aurélien Robert, Claire Hédon, Véronique Calueba et Sylvain Louvet ont débattu du sort des enfants placés.
    L’adjudante Léa Milheau, Aurélien Robert, Claire Hédon, Véronique Calueba et Sylvain Louvet ont débattu du sort des enfants placés. Midi Libre - SYLVIE CAMBON
Publié le , mis à jour

Ce jeudi 16 mai, les Rencontres d’Occitanie organisées par la Fondation du Groupe Dépêche ont ouvert le débat sur le sort des enfants placés. Mathilda Boosy a pris la parole pour raconter son vécu, elle milite activement contre le désastre que vivent partout en France des jeunes confiés à l’État.

"Si l’aide sociale à l’enfance n’avait pas de défaillance à mener ses enquêtes, elle aurait vu que cette petite de 7 ans avait été déclarée enlevée par Childfocus. Si la République avait gardé les yeux ouverts, elle aurait vu les bleus, les larmes, la peur. Elle aurait retrouvé le père, désespéré, qui recherchait sa fille depuis trois ans, en vain."

Courageusement, Mathilda Boosy, membre du comité de vigilance des enfants placés, a pris la parole, ce jeudi 16 mai, à l’occasion des Rencontres d’Occitanie consacrées à la prise en charge et au suivi des enfants placés.

Son témoignage, qui décrit les manquements en cascade des services sociaux, "cette petite fille vivra dans la terreur encore dix ans", malgré des signalements et les conséquences pour la jeune femme qu’elle est devenue, "aujourd’hui cette petite fille se bat toujours contre ses traumatismes", dit mieux que n’importe quel expert, les failles d’un système à "bout de souffle", comme le décrit Lyess Louffok, lui aussi enfant placé, vice-président des Oubliés de la République à l’origine de la création de ce collectif. "J’ai survécu. Mais tant d’autres non. Combien d’enfants doit-on perdre ? Combien d’enfants allons-nous encore détruire ? Quand allons nous les protéger ?"

"Pour que notre combat devienne votre combat"

Un témoignage "parmi tant d’autres pour que notre combat devienne votre combat. Parce que la République, c’est aussi vous, votre argent, votre voix. Et que ces violences existent avec votre consentement tacite", interpelle la jeune femme.

Après la médiatisation de faits divers dramatiques concernant des jeunes pris en charge par l’aide sociale à l’enfance et grâce au travail des militants du collectif, une commission parlementaire planche actuellement sur les dysfonctionnements du système. "On est en enquête sur quatorze départements après avoir été alertés par les travailleurs sociaux, des magistrats" annonce d’entrée Claire Hédon, Défenseure des Droits.

Parmi les invités, le journaliste Sylvain Louvet, auteur de deux documentaires chocs sur le sujet qui ont contribué à cette prise de conscience. Il confirme l’état de délabrement du secteur. "Je reçois encore de nombreux témoignages tous les jours via les réseaux sociaux. Dans tous les départements de France, il y a des problèmes."

Des difficultés qui perdurent

Manque de places et enfants en attente de placement, violences, hébergement d’urgence dans des hôtels, le débat a permis de mettre en lumière tous ces dysfonctionnements qui portent atteinte aux plus jeunes. "On dit qu’une société qui maltraite ses vieux insulte son avenir, que dire d’une société maltraitante avec les enfants ?" s’interroge Sylvain Louvet.

Des enfants trop souvent seuls face à des enjeux qui les dépassent. Si les auditions des mineurs sont aujourd’hui réalisées avec professionnalisme comme l’explique l’adjudante Léa Milheau, adjointe à l’unité Maison de protection des familles, la présence d’un avocat à leurs côtés s’avère indispensable pour le suivi.

"Les pouvoirs publics n’ont pas fait le choix de systématiser cet accompagnement mais nous allons continuer à œuvrer pour que ça le devienne", assure Aurélien Robert, président de l’association l’Avocat et l’enfant. Le constat est terrible. La parole se libère sur le sort de ces enfants placés, mais les difficultés perdurent.

"La protection de l’enfance en France n’a jamais été aussi dégradée"

"Le pouvoir politique prend des décisions en fonction de la pression citoyenne", reprend Sylvain Louvet. "Après la diffusion du premier documentaire, Brigitte Macron est intervenue, un Secrétariat d’État a été créé dix jours plus tard… et finalement, tout ça a abouti à un déblocage de 50 millions d’euros pour l’ensemble des départements français qui représentent un budget de 8 milliards. Il faut que les politiques comprennent que pour les grands sujets, il faut prendre de grandes décisions. Et pour parvenir à cette prise de conscience, il faut des témoignages comme celui de Mathilda", insiste ce dernier.

"Le sujet de l’enfance est brûlant en ce moment à l’Assemblée des Départements de France", répond Véronique Calueba, vice-présidente du Département de l’Hérault chargée des solidarités. "Tous les Départements font remonter des difficultés, il ne faut pas croire que les politiques ne font rien".

La commission d’enquête parlementaire en cours doit permettre de faire un état des lieux précis. Claire Hédon, la Défenseure des Droits sera auditionnée. "C’est l’occasion de faire le point sur les moyens dont on a besoin vu l’état de la protection de l’enfance en France qui, je tiens à le dire, n’a jamais été aussi dégradé", a-t-elle rappelé.

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Les commentaires (3)
louviel Il y a 14 jours Le 19/05/2024 à 09:19

on préfère discutailler sur des proposition de fin de vie plutôt que de s'occuper de ces problème d'enfance qui n'ont pas l'air de perturber nos classes dirigeantes.

Anonyme203921 Il y a 14 jours Le 19/05/2024 à 01:10

Oui pas mal de membres de ase nimes et montpellier etaient en contact avec des aristo type duc d'uzes qui etait lui meme sur la liste a esptein bref un vrai trafic deja rencontré de véritables predateur diabolique Protection

canengagequemoi Il y a 14 jours Le 18/05/2024 à 19:17

Trop d'abus et mensonges de la part de l'ASE.Trop de pouvoirs, les juges les suivent malgrés les preuves de mensonges de la part de l'ASE.