Pour le matador Enrique Ponce : "Revenir à Nîmes était une évidence, il existe une communion avec ce public"

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  • "Je reviens juste pour dire adieux et partager un dernier moment de plaisir."
    "Je reviens juste pour dire adieux et partager un dernier moment de plaisir." Midi Libre - MiKAEL ANISSET
Publié le , mis à jour
Stephan Guin

La star espagnole fête son retour à Nîmes et célébrera ses adieux dans ces arènes où il a écrit plusieurs des plus beaux chapitres de son histoire.

Vous faites partie des toreros qui ont toujours assumé leur statut, notamment pendant le Covid…

J’ai toréé pendant les deux ans de la pandémie car j’estimais qu’il était bon pour la fiesta ne pas laisser des temporadas sans toro. Avec les contraintes dans les capacités, les budgets étaient réduits car organiser une corrida coûte cher. Je savais que l’on ne gagnerait pas d’argent car les charges fixes consommaient toute la recette. Mais je n’ai pas réfléchi à deux fois et considéré que c’était un devoir vis-à-vis de la tauromachie. Lui rendre tout ce qu’elle m’a donné même si chaque paseo ne couvrait que les dépenses engagées. Je suis heureux de l’avoir fait tant la tauromachie m’a donné pendant plus de trente ans.

Pourquoi avoir mis un terme subit à votre carrière en pleine saison le 27 juin 2021 ?

Je l’ai ressenti ainsi sur le moment sans raison personnelle ou professionnelle. Ce jour-là à Leon, j’ai coupé deux oreilles et j’ai réalisé une excellente faena devant un public enthousiaste. Arrêter était un sujet qui me trottait dans la tête depuis quelque temps et j’ai senti après cette corrida que ce jour était venu. Sans raison. Je savais que c’était le bon moment et je ne voulais pas toréer une corrida supplémentaire. Je voulais quitter ce monde, profiter de la vie et rester tranquille. Je ne pensais pas revenir dans les ruedos.

Pourquoi revenir ?

Ce n’est pas vraiment un retour. Ce sont surtout des adieux. Pendant ces trois ans, je n’ai jamais pensé remettre le costume de lumières. Quand je croisais les gens et les aficionados dans la rue, ils me disaient : "Maestro, vous ne pouvez pas partir ainsi. On veut vous voir une dernière fois et quitter le toreo comme vous le méritez après une telle trajectoire." Ces témoignages m’ont marqué et une réflexion a commencé. J’ai compris qu’ils avaient raison. Je me devais de faire ce geste, l’envie est revenue. Mais je ne voulais pas d’une temporada intensive mais faire uniquement des paseos avec une coloration spéciale.

Ce retour à Nîmes était-il une évidence ?

C’est une des seules arènes où je pouvais le faire. Nîmes a toujours été une des arènes où j’ai vécu plusieurs des plus grands moments de ma carrière et j’ai toujours ressenti beaucoup d’amour et de soutien. La communion particulière avec ce public a été permanente. Je me suis toujours senti aimé. C’était la candidate numéro un pour réaliser ce retour. Ce sera la première corrida de cette dernière temporada et mes adieux à cette aficion.

Des toreros comme Castella évoquent l’importance de faire une pause pour revenir meilleur et régénéré. Vous partagez cet avis ?

Évidemment. Sébastien a pris la même décision que moi et il est revenu rafraîchi pour être dans le meilleur de sa carrière. C’est une nécessité pour un torero. Mais il est dans une autre mentalité que la mienne. Il est revenu pour continuer et moi pour dire au revoir. C’est une différence majeure. Je reviens pour dire merci pour tout que m’ont donné ces arènes et faire mes adieux. Je suis motivé pour offrir aux aficionados le meilleur de mon toreo et pour partager avec eux un dernier beau moment avec beaucoup d’émotion et de chaleur des deux côtés.

La motivation est particulière pour ces adieux à Nîmes ?

Je reviens avec une envie énorme de retrouver cette aficion avec qui on a toujours partagé cette communion incroyable. Je suis très motivé et ému car ce sera une corrida très spéciale. Je veux que ce soit un grand évènement et non pas un paseo de plus dans ces arènes. Je me suis préparé pour être à la hauteur. Je vous réponds (jeudi 9 mai, NDLR) depuis Samuel Flores où je vais tienter dans quelques minutes. C’est une ganaderia avec qui on a partagé de grands triomphes à Madrid et en France.

Vous pensez toréer combien de corridas pour cette tournée de départ ?

Le nombre n’est pas encore défini car des négociations sont en cours avec plusieurs plazas. Je voudrais que ce soit entre 15 et 20 corridas. Cela peut être 15, 20, 17 ou 18 mais on restera dans cette fourchette selon les trois ou quatre arènes avec lesquelles on discute actuellement. Je voulais que chaque corrida soit un événement important et que chacune ait une histoire en relation avec ma carrière. En France, je ferai quatre paseos à Nîmes, Istres, Dax et Arles. Quatre arènes avec qui j’ai une histoire particulière et me tiennent à cœur.

Pourquoi être absent de Séville où vous avez connu de grands triomphes ?

Je ne voulais pas toréer deux corridas en deux jours dans des arènes aussi importantes que Madrid et Séville. Faire mon dernier paseo à Las Ventas le 28 septembre ne m’a pas permis d’être présent à la Maestranza pour la San Miguel. Les calendriers coïncident et c’était le jour avant ou après. Je devais faire un choix entre Séville et Madrid. L’empresa sévillane a tout fait pour que je vienne et j’ai beaucoup réfléchi mais je suis resté sur mon idée première. Je voulais être totalement concentré sur ce dernier paseo à Madrid.

Vos adieux le 9 octobre seront un grand moment d’émotion. Cela sera-t-il vraiment le point final de votre carrière ?

Ce sera ma dernière corrida. C’est certain de chez certain. Je voulais qu’elle se déroule chez moi à Valencia.

Après votre retraite, souhaitez-vous rester impliqué et faire profiter le monde taurin de votre expérience unique ?

À ce jour, je n’ai aucun projet taurin identifié. À partir du 10 octobre, je compte vivre comme depuis trois ans. Je ne sais pas ce que je ferai. Peut-être des choses dans le monde du toro émergeront un jour. Mais mon idée est de rester tranquille et profiter de la vie et prendre du plaisir dans mes hobbies. C’est un luxe de ne pas avoir la pression et la responsabilité de devoir toréer dans quelques jours ou quelques mois. Évidemment, le lien avec le monde taurin est éternel. Je ne suis pas nostalgique et je n’ai plus rien à démontrer. Mon histoire taurine est déjà écrite. J’ai réalisé tous mes objectifs et mes rêves comme torero et je n’ai ni remords ni épines dans le pied. Je reviens juste pour dire adieu et partager un dernier moment de plaisir. Pendant ces trois ans, mettre l’habit de lumière ne m’a jamais manqué. J’aimerais toujours toréer et quand j’ai envie de prendre du plaisir, je le fais avec une vache de ma ganaderia au campo. Juste pour moi. Être matador de toros est quelque chose d’extraordinaire et des moments fantastiques surgissent. Mais jouer sa vie devant un toro n’est pas un jeu.

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