Bagnols-sur-Cèze : "On ne sera plus jamais heureux", le combat de la famille d’Adrien Couffin pour les victimes de la route
Ce samedi 11 mai, elle a rendu hommage aux 55 victimes de la route décédées dans le Gard en 2023. La famille d’Adrien Couffin, décédé en 2022, a sensibilisé le public au nom du collectif Justice pour les victimes de la route. "On a pris perpète. On continuera de porter la voix des victimes par tous les moyens", témoignent les parents d’Adrien.
Elles ne passeront plus jamais à table, les 55 personnes mortes sur les routes du Gard en 2023. C’est l’image choc et l’hommage aux victimes que la famille d’Adrien Couffin, décédé en octobre 2022 dans un accident de voiture, a créés en dressant cette table, place Jean-Jaurès, à Bagnols, ce samedi toute la journée. Une action que les proches d’Adrien, ses parents Évelyne et Bernard Couffin et sa femme Marion, ont déjà menée l’an dernier, soutenus par la municipalité. Pour sensibiliser et porter le combat du collectif Justice pour les victimes de la route dont ils créeront une antenne gardoise en janvier 2025.
Bienveillance et compassion du public
La famille d’Adrien a pu échanger avec de nombreux passants interpellés par la mise en scène et les affiches. Le public, qui a témoigné de son soutien, de bienveillance et de compassion, a pu tester des lunettes qui simulent l’état d’un humain qui a consommé de l’alcool, de la drogue ou qui est très fatigué. Beaucoup ont regardé le mur de photos, "beaucoup de victimes sont jeunes. Il y a des enfants. Cela les traumatise", témoigne Bernard Couffin. "Adrien se battait contre toute forme de racisme et de discrimination. Il était un militant syndical convaincu. Nous, on se bat, à notre manière, pour lui. On aimerait que ça bouge et que la date du 16 mai soit reconnue officiellement comme Journée nationale des victimes de la route", confie sa mère. Le combat des familles des victimes porte également sur la requalification de l’homicide en homicide routier, et non homicide involontaire, lorsqu’un accident mortel implique un conducteur qui était sous l’emprise de drogue ou de l’alcool. La proposition de loi créant l’homicide routier et visant à lutter contre la violence routière, après un premier aller-retour entre l’Assemblée nationale et le Sénat, "doit repasser à l’Assemblée nationale fin mai. Il ne faudra pas que ce soit une annonce creuse…".
Le courrier de milliers de familles au Président et aux ministres sans réponse
L’an dernier, la famille Couffin et des milliers de familles de victimes ont écrit au président de la République et aux ministres de l’Intérieur et de la Justice. Aucune n’a reçu de réponse. Ils vont réitérer cette année. "Chacun raconte son histoire et demande la création de cette journée nationale." "La politique pénale n’avancera pas si la justice n’évolue pas. Et que la justice soit appliquée, ce qui n’est pas toujours le cas", complète Bernard Couffin, qui évoque également toutes les victimes dont "on ne parle pas" : les blessés, les personnes devenues handicapées. Autre injustice : "Nous n’avons aucun soutien psychologique pris en charge, a découvert dans cette tragédie Évelyne. Alors que nous savons que celui qui a tué notre fils a un soutien. Si on veut voir un psy, c’est par nos propres moyens." Pour toutes ces raisons, la famille Couffin continuera "par tous les moyens, de porter notre voix". Parce qu’"on a pris perpète. On ne sera plus jamais heureux. On sait que c’est fini. Tout a été brisé en quelques secondes". "Tous les matins, c’est dur de se lever. Le cauchemar, c’est la journée, pas la nuit."
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