Joueurs, staff, direction... décryptage de la chute du MHR depuis des mois
Le MHR est certain de jouer l'access match le 16 juin prochain (18h) contre le perdant de la finale de Pro D2. Comment en est-on arrivé là ?
Parfois, un peu de dramaturgie, ça a du bon. Ça pimente un quotidien sportif parfois redondant. Sauf qu’à Montpellier, il n’y a pas besoin d’en faire des caisses pour analyser la situation. Factuellement, le club est au bord du précipice.
Dans quatre semaines, il va jouer le match le plus important de l’ère Altrad (depuis 2011). Un barrage chez le finaliste perdant de la Pro D2. La faute à une dernière gifle à domicile contre les espoirs du Stade Toulousain (22-29) et une fin d’exercice chaotique, symbolisée par sept défaites consécutives toutes compétitions confondues.
La faute incombe aux joueurs, principalement. Après tout, ce sont eux qui sont sur le terrain chaque week-end. Ce sont eux qui font preuve d'un cruel manque d'efficacité depuis trop longtemps. Maintenant, la question est : comment ces joueurs, dont les deux tiers étaient champions de France il y a deux ans, sont devenus l’ombre d’eux-mêmes ?
Le titre 2022 n’a jamais été digéré
Premier élément de réponse, le manque criant de leadership dans ce groupe. Ça a été dit et répété. Mais force est de constater que les départs de Guilhem Guirado, Benoît Paillaugue, Fulgence Ouedraogo, voire Zach Mercer, n’ont toujours pas été comblés.
Ensuite, le "mauvais" recrutement ciblé par Bernard Laporte lors du dernier été, ainsi qu’un "effectif déséquilibré". "Celui qui a fait cette équipe est un escroc", lançait le directeur sportif dans nos colonnes récemment, lui qui a pris la suite de Philippe Saint-André le 19 novembre dernier.
Or, sur le papier, l’équipe en place paraît compétitive. Zach Mercer a été remplacé par Sam Simmonds, l’un des tout meilleurs numéros huit anglais. Le groupe peut toujours compter sur des Forletta, Willemse, Camara, Van Rensburg, Verhaeghe, Bécognée, Reinach, Doumayrou, Serfontein, Vincent, Darmon, Bouthier et des pépites comme Nouchi, Coly, Carbonel… Sauf que les blessures et les méformes de chacun font qu’ils n’ont jamais pu évoluer ensemble ou presque. Et cette équipe n’a jamais réussi à retrouver la flamme qui l’a animé pendant un an et demi entre mars 2021 et juin 2022.
Depuis le recul de Saint-André, tout a empiré
Elément de réponse numéro trois, le contexte. Et il faut remonter en arrière pour bien tout saisir.
Depuis que les relations entre le président Mohed Altrad et Philippe Saint-André se sont détériorées en fin de saison dernière, ça a été le début des ennuis. PSA a alors pris du recul, toujours plus de recul, jusqu’à disparaître complètement. Richard Cockerill est arrivé. L’ancien talonneur anglais devait prendre en main les avants.
Il s’est imposé manager. Une cata. Six défaites en sept journées. Les joueurs sont cramés, physiquement et mentalement. Cockerill se grille et embarque dans sa chute l’entraîneur en place Jean-Baptiste Elissalde, pourtant apprécié en interne malgré son côté râleur.
On change tout. Le sulfureux duo Altrad-Laporte est reconstitué. L’ancien sélectionneur construit un staff "en trois heures" avec Patrice Collazo comme poisson pilote au milieu de Vincent Etcheto, Christian Labit, Didier Bès et Antoine Battut. Résultat, en trois mois et demi, le MHR relève la tête et quitte même les deux premières places mi-mars.
Le staff, est-il déséquilibré, comme l’effectif ?
Depuis, patatra. Les joueurs n’ont plus d’essence dans le moteur. Encore une fois. Malgré, et il faut le dire, un état d’esprit remarquable, les Cistes n’y arrivent pas. Sans compter la scoumoune qui les suit en permanence. Leur lit pourrait ne pas avoir de sommier qu’ils arriveraient quand même à se cogner l’orteil.
Plus sérieusement, est-ce que le discours des coaches s’essouffle ? Ce staff, comme l’effectif, est-il si bien équilibré ? Certains, remplissent-ils toutes les cases dans leur secteur ? Des interrogations en appellent d’autres.
Un Bernard Laporte présent au quotidien avec les joueurs, à l’entraînement, est-ce réellement efficace dans le management d’un Patrice Collazo ? Ce dernier, est-il, naturellement, moins légitime face à ses joueurs avec un tel personnage à ses côtés ?
Et les prises de parole du directeur sportif dans le vestiaire, ont-elles eu un effet contraire à celui souhaité ? "Je suis dur, mais juste. Je leur dis des vérités qu’ils n’ont peut-être jamais entendues", raconte-t-il.
Le pire, c’est que le groupe vit bien
Mais à quelques journées de la fin, est-ce judicieux de faire comprendre à certains joueurs que, qu’importe ce qu’ils font, ils ne seront peut-être pas là la saison prochaine ? Dans une situation où la psychologie explique le trois-quarts des contre-performances, les joueurs peuvent être impactés par le moindre discours.
Consciemment ou inconsciemment. Le départ soudain de Paolo Garbisi a affecté le vestiaire, aussi. Sans oublier les polémiques extra-sportives avec la proximité de Claude Atcher au club, le retour de Mohamed Haouas, la sortie arrosée de la recrue Billy Vunipola…
En interne, on refuse d’abdiquer. "Le pire, c’est que le groupe vit bien", souffle un joueur hors micro, chassant l’idée d’une possible scission dans le groupe. "À quoi bon se battre pour eux (le staff), c’est nous sur le terrain", déclare un autre. Alors, les joueurs ont décidé de prendre les choses en main.
"On s’est parlé dans le vestiaire (après la défaite contre Toulouse), que les joueurs. On a décidé d’avancer ensemble, de ne plus se lâcher. On avait besoin de se le dire dans les yeux", assurait le capitaine Lenni Nouchi. Place aux actes, désormais. Les Montpelliérains ont quatre semaines pour préparer un moment qui sera, dans tous les cas, historique pour le club.
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