"Exploitation sexuelle des mineurs", "réseaux sociaux", "salons de massages" : des actions contre les nouvelles formes de prostitution

  • Des mesures spécifiques contre "l’exploitation sexuelle des mineurs", notamment sur Internet.
    Des mesures spécifiques contre "l’exploitation sexuelle des mineurs", notamment sur Internet. MAXPPP - LP / Arnaud Journois
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Midi Libre

Numérique, mineurs, salons de massages… le gouvernement déploie vingt-cinq mesures pour harmoniser aussi l’application de la loi.

Le gouvernement a dévoilé, jeudi, un plan destiné à renforcer la lutte contre la prostitution avec une attention particulière portée à la question du numérique et des mineurs.

La ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, Aurore Bergé, en première ligne sur ce sujet, a mis en avant, lors de cette présentation, "la nécessité de renforcer et d’harmoniser l’application de la loi sur tout le territoire".

Encore des angles morts

Vingt-cinq mesures sont prévues pour tenter de combler des angles morts persistants, malgré la pénalisation des clients instituée par la loi de 2016. Ils risquent, aujourd’hui, une amende de 1 500 € et de 3 750 € en cas de récidive. Mais de fortes disparités sont observées d’une région à l’autre dans l’application de ces sanctions. Le gouvernement va donc "repenser" leurs modalités en y intégrant aussi désormais la prostitution en lieu privé.

La ministre souhaite, d’ailleurs, "mieux prendre en compte les nouvelles formes de prostitution", avec "l’essor des réseaux sociaux et des plateformes en ligne de réservation de logements". Une cellule de cyber-enquête sera chargée, par exemple, de repérer sur la toile "des situations d’exploitation sexuelle, de supprimer des comptes mais aussi de démanteler des réseaux et recueillir les preuves pour condamner les proxénètes".

40 000 prostitués

Parallèlement, sur le terrain, la traque des "prétendus salons de massage abritant la prostitution" sera renforcée et l’implication des commissions départementales va monter en puissance.

La crainte d’une recrudescence de la prostitution à l’occasion des JO est prise aussi très au sérieux au sommet de l’État. Selon l’Amicale du Nid qui a mis en place en janvier une veille numérique, les annonces augmentent depuis plusieurs semaines sur “sexemodel”, le principal site d’annonces prostitutionnelles en France. Une campagne de sensibilisation sera donc lancée pendant cet événement planétaire.

Un réseau national d’accueil pour les mineurs

Le gouvernement promet, dans le même temps, d’accentuer les "mesures spécifiques et ciblées" contre "l’exploitation sexuelle des mineurs". Un réseau national de lieux d’accueil va être mis en place afin d’améliorer leur prise en charge.

"On peut supposer qu’avec l’arrivée des Jeux Olympiques, il va y avoir une augmentation de la prostitution des mineurs, notamment en Seine-Saint-Denis", expliquait, fin avril, Constance Benit de l’Amicale du Nid, lors d’une intervention devant l’équipe éducative du collège Romain Rolland à Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis).

Ces signaux qui peuvent alerter

"Une gamine qui est fuyante avec des fréquentations qui changent, tous ces signaux, vous allez les reconnaître", explique Julie Durand, intervenante sociale au commissariat de police de Villepinte et de Tremblay.

Selon les associations spécialisées, le nombre de mineurs concernés, en très grande majorité des jeunes filles de 13 à 16 ans, a plus que doublé ces dernières années. Au point de représenter aujourd’hui environ 30 % des 40 000 personnes prostituées en France.