Liberté de la presse : où se situe la France dans le nouveau classement dévoilé ce vendredi par Reporters sans frontières ?

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Reporters sans frontières a dévoilé, ce vendredi 3 mai 2024, son classement mondial de la liberté de la presse. La Norvège est toujours en tête, la France gagne trois places et l’Argentine, désormais dirigée par Javier Milei, figure parmi les pays qui perdent le plus de places.

Reporters sans frontières a révélé son classement annuel de la liberté de la presse ce vendredi 3 mai 2024. Les pressions politiques sur la presse augmentent dans le monde alors même que la moitié de la planète vote cette année, alerte l’ONG.

La France en 21e position

La Norvège reste en tête de ce 21e classement de la liberté de la presse, tandis que l’Érythrée arrive en dernière position, 180e, après la Corée du Nord les deux années précédentes.

"L’indépendance des médias est sacrée. Le gouvernement se garde d’intervenir, les médias n’appartiennent pas aux oligarques avec des intérêts autres que dans le secteur médiatique, les attaques verbales sont extrêmement rares. Même si elles arrivent, elles sont immédiatement condamnées. C’est tout un système médiatique qui est très protégé", détaille Pavol Szalai, responsable du bureau Union européenne et Balkans de l’ONG sur France Info.

La France passe de la 24e à la 21e place en raison de la "mécanique du classement", alors que les indicateurs du pays "stagnent", relève Anne Bocandé, directrice éditoriale de l’ONG de défense des journalistes sur Sud Ouest.

"Il y a des problèmes qui persistent : l’indépendance de certains médias privés, nous avons eu l’année dernière l’arrestation et la perquisition de la journaliste Ariane Lavrilleux, une grave atteinte au secret des sources, et la situation est aussi compliquée du point de vue économique des médias en général", explique Pavol Szalai.

L’Argentine un des cas les plus inquiétants

Parmi les cas les plus inquiétants : l’Argentine. Désormais dirigé par l’ultralibéral Javier Milei, un des "prédateurs revendiqués de la liberté de la presse", estime RSF. Le pays figure parmi ceux qui perdent le plus de places dans le classement annuel. En mars dernier, le nouveau président avait notamment annoncé la fermeture de l’agence de presse publique Télam, accusée de "propagande".

Censure en Asie

À l’est de l’Europe et en Asie centrale également, "les censures de médias se sont intensifiées, dans un mimétisme spectaculaire des actes de répression russes", observent les spécialistes de RSF citant le Bélarus, la Géorgie, le Kirghizistan et l’Azerbaïdjan. La Russie, où Vladimir Poutine a été réélu en mars, se classe 162e.

Comme le rapporte HuffPost, L’arsenal de la désinformation s’est enrichi de l’intelligence artificielle générative. En témoigne un "deepfake" audio dont a été victime la journaliste Monika Todova en Slovaquie avant les législatives à l’automne dernier. Un contenu qui a "clairement profité à la désinformation pro-russe qui sévit dans le pays", d’après RSF.

Autre part en Europe, la liberté de la presse est "éprouvée par les majorités au pouvoir en Hongrie, à Malte et en Grèce". Dans plus des trois quarts des pays du monde est constatée une implication régulière des acteurs politiques dans les campagnes de propagande ou de désinformation. Cette implication est qualifiée de "systématique" dans 31 pays.

Une amélioration au Chili, au Brésil et en Pologne

La situation s’améliore au Chili (+31 places) en Pologne (+10 places) et en Pologne (+10 places). "La volonté politique peut permettre de meilleures garanties" pour les médias, souligne Anne Bocandé. L’association propose des mesures concrètes à chaque échéance électorale.

Par ailleurs, l’ONG dénonce "l’absence manifeste de volonté politique de la communauté internationale à faire appliquer les principes de protection des journalistes" à Gaza. Plus de 100 reporters palestiniens ont été tués par l’armée israélienne, dont au moins 22 dans l’exercice de leurs fonctions, rappelle RSF.

Ainsi, les journalistes ne seraient pas assez protégés par les États. Reporters sans frontières pointe aussi "une détérioration préoccupante du soutien et du respect de l’autonomie des médias".