"Tout faire pour que la musique ancienne reste vivante" : le nouveau directeur détaille le 41e Festival de Maguelone

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  • Nouveau directeur du Festival de Maguelone, Sylvain Sartre est adepte du changement dans la continuité. Nouveau directeur du Festival de Maguelone, Sylvain Sartre est adepte du changement dans la continuité.
    Nouveau directeur du Festival de Maguelone, Sylvain Sartre est adepte du changement dans la continuité. Jean-Baptiste Millot
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Co-directeur de l’ensemble Les Ombres, flûtiste et professeur au Conservatoire de Perpignan, Sylvain Sartre est le nouveau directeur du Festival de musique ancienne à Maguelone. Avant la 41e édition, du 4 au 15 juin, il livre sa vision du festival et présente sa programmation.

Qu’est-ce qui vous a convaincu de prendre la direction du Festival de Maguelone ?

Ça faisait sens. Dans tout ce que j’entreprends, que ce soit aux Ombres avec Margaux Blanchard, comme musicien ou en tant qu’enseignant, il faut qu’il y ait du sens, que ce soit cohérent avec que j’ai envie de proposer, transmettre. Le fondateur Philippe Leclant tenait à ce qu’il n’y ait pas de parachutage, et avec les Ombres, nous avions déjà une relation avec le festival. C’est la grande mode que des directeurs artistiques d’ensembles reprennent des festivals sans connaître la région où ils arrivent, en ignorant tout de ses enjeux territoriaux, sociaux… Philippe voulait qu’il y a une continuité territoriale. Il voulait le rayonnement de la musique ancienne et le développement du territoire.

Vous a-t-il confié une feuille de route particulière ?

Non, pas vraiment. Son idée c’était : "J’ai fait mon temps, il faut qu’il y ait du renouvellement dans la programmation, je ne veux pas que le festival tourne en rond." C’est beau, je trouve, d’avoir cette capacité de prise de distance vis-à-vis de ce qu’on a fondé et porté si longtemps. Philippe est maintenant président de l’association des Muses en dialogue, donc on travaille tout de même ensemble. Il a une grande expérience du fonctionnement d’un festival ; ce qui m’est précieux, car moi, à la base, je suis de l’autre côté !

Vous êtes-vous fixé des objectifs ?

Je n’ai pas fait un tableau mais il y a des choses qui m’ont semblé importantes au regard de la société dans laquelle nous vivons et de sa transformation. Déjà, on doit sourire à la jeunesse, tant pis si ça fait démago de dire ça. Dans notre milieu de la musique ancienne, je pense qu’on a du taf à accomplir sur ce point, l’émergence, le renouvellement des publics. Cela ne va pas se faire en un clin d’œil mais il faut l’avoir à l’idée quand on fait sa programmation, établit ses thématiques, réfléchit à ses actions…

Renouveler les publics mais aussi les formes…

Aujourd’hui, on consomme la musique différemment, en nomade, tout le temps, un peu rapidement, alors sans rien céder sur l’exigence, on doit se poser des questions sur la forme “concert”. Cela peut passer par de la dramaturgie, par de la lumière, par le concept très en vogue d’expérience… Le site de Maguelone est tout de même incroyable ! Je pense qu’on peut encore en épaissir l’expérience pour le festivalier, en amont et en aval du concert, en extérieur, etc. Il s’agit de tout faire pour que la musique ancienne reste vivante !

C’est ce que vous vous employez à faire avec Les Ombres…

Oui, d’ailleurs, à l’avenir, en faisant ça bien pour ne pas dérouter non plus les fidèles du festival, on pourrait tout à fait imaginer passer commande à des compositeurs, pas forcément de musique classique d’aujourd’hui, mais contemporain, voire pop, et créer ainsi des ponts. Quand je dis “musique ancienne vivante”, c’est pour signifier que pour avoir été écrite par des artistes morts depuis longtemps, elle n’est pas le fait que de musiciens séniors mais aussi de jeunes qui écoutent autre chose, sont nourris par autre chose et donc développent un autre rapport à la musique.

Arrivons au programme de cette 41e édition. Comment l’avez-vous construit ?

Je voulais un jeu de miroirs entre musiciens expérimentés et réputés d’un côté, et jeunes talents plus ou moins connus dans notre milieu de l’autre. Le concert de clôture du 15 juin est à ce titre archétypal qui associe la fougue du violoniste prodige Théotime Langlois de Swarte et l’expérience monumentale du maître claveciniste William Christie. Les voir et les entendre dialoguer sera un moment d’autant exceptionnel que Christie ne donne plus tant de concerts comme musicien ! Cette soirée donne un peu l’ADN de toute ma programmation intergénérationnelle.

Pour remonter ensuite dans le temps, le 13 juin, c’est Sarbacanes…

Un jeune ensemble étonnant car formé presque exclusivement de vents : son répertoire est peu connu mais hyper accessible de par leur posture même, à commencer par Gabriel Pidoux, son cofondateur hautboïste, qui est hyper altruiste. D’ailleurs, je le dis, ça compte pour qu’un artiste que je programme soit une bonne personne. Les qualités humaines, la sincérité, la générosité, le sens de l’autre, du partage, tout cela se ressent au final sur scène, j’en suis convaincu !

Le 11 juin, vous avez prévu une conférence en entrée libre.

Sur les académies de musique du Languedoc au XVIIe siècle, par Bénédicte Hertz, est chercheuse au centre de musique baroque de Versailles : notre festival doit préserver sa dimension d’explorateur de l’histoire de la musique, et on a toujours des choses à découvrir, c’est hyper stimulant !

Le 8 juin, ce sera Les Ombres…

Mais je ne serai pas au plateau… Il faut d’ailleurs que je bosse encore un peu sur moi à ce sujet ! Plus sérieusement, ce n’est pas plus mal et on a une co-direction, Margaux Blanchard sera donc à la manœuvre dans ce programme très italien, avec le jeune contre-ténor britannique Alexander Chance, à la voix fantastique.

Le 6 juin, Benjamin Alard.

Pour moi c’est LA star du clavecin mais sans le bling-bling, vraiment un personnage au parcours atypique avec une grande exigence. Bref, c’est un musicien incroyable, pour Bach en particulier, dont il a enregistré une intégrale pour claviers chez Harmonia Mundi. Ici il donnera ses transcriptions italiennes (Vivaldi, Torelli, Albinoni…) ; le filigrane de ma programmation étant la Méditerranée…

Enfin, le 4 juin, l’ensemble Voces Suaves.

Si je suis pour ma part très orienté baroque, j’avais à cœur de ne pas oublier la musique médiévale et Renaissance. Ce collectif d’excellents chanteurs proposera un répertoire britannique du XVIe siècle, avec un travail remarquable sur le son, l’acoustique, de sorte que cela le rend vraiment accessible.

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