Cécile Baudin, écrivaine : "la Lozère, c’est mon département d’enfance, de cœur, il incarne mon père"

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    Cécile Baudin, écrivaine. DR
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Cécile Baudin, écrivaine, sort un roman "La constance de la louve" aux Presses de la cité. Une enquête d’un lieutenant de louveterie sur des décès suspects en Lozère, au XIXe siècle, alors que le mythe de la bête du Gévaudan plane encore.

Comment êtes-vous venue à l’écriture ?

C’est une passion d’enfance. J’adorais lire et j’écrivais beaucoup. À l’aube de la cinquantaine, nous nous sommes posé des questions existentielles avec mon mari. Nous n’avions plus les enfants à la maison. J’ai essayé de vivre mon rêve. J’avais passé vingt-cinq ans dans des services de DRH dans le transport et le BTP. J’ai mis cela en parenthèse pour l’écriture.

Comment débute votre carrière ?

Mon idée était une trilogie sur le XIXe siècle, au travers de trois histoires différentes dans trois régions qui me tiennent à cœur : l’Ain, la Lozère et la Lorraine. Le premier livre, Marque de fabrique, est sorti il y a deux ans. Le deuxième, qui concerne la Lozère, cette année, et le troisième en Lorraine, l’année prochaine.

Pourquoi spécifiquement le XIXe siècle ?

Je voulais éclairer la révolution industrielle, un sujet qui m’intéresse beaucoup. Mon premier opus, Marques de fabrique, se passe dans l’Ain, premier département industriel français, où j’ai passé une partie de mon enfance, chez mes grands-parents. On suit l’enquête d’une inspectrice du travail qui tombe sur des morts suspectes d’ouvriers dans des usines. Tous ces hommes se ressemblent étrangement… Une adaptation a été signée pour le cinéma.

Le deuxième roman, en Lozère, c’est un retour à la ruralité ?

Oui. Nous sommes au début du XIXe siècle, dans une France très rurale, pas loin de la Révolution française, des guerres impériales. Il y avait des grands faits divers en Lozère, comme la bête du Gévaudan, soixante-dix ans auparavant, l’affaire de l’auberge de Peyrebeille. C’est une atmosphère mystérieuse, sombre, sanglante, martiale presque.

Une enquête policière ?

Oui. C’est une histoire en forme de puzzle. J’adore la Margeride. C’est un territoire austère. J’ai tenté de faire ressentir aux lecteurs cette communion avec la nature, brute, sauvage, sans être violente. Et puis, il y a le loup, qui incarnait, pour des religions et des superstitions, le mal. Il fallait les traquer à l’époque. Il y a des parallèles avec l’être humain, pas de prédateurs naturels ni chez l’un ni chez l’autre. Ce qui m’intéressait également, c’est l’équilibre du groupe, de la meute, de la famille nécessaire à l’épanouissement. De l’autre côté la solitude, l’indépendance. Finalement, l’homme est un loup pour l’homme. L’âme humaine est mille fois plus perverse que celle des loups. Chastel, le lieutenant de louveterie, chasse les loups parce qu’il les aime.

L’intrigue, en quelques mots

Un étudiant en médecine est retrouvé mort au pied de l’asile d’aliénés qui l’accueillait en formation en Lozère. Tout indique qu’il s’est perdu dans une tempête de neige. Un juge de paix de Saint-Alban-sur-Limagnole, lieutenant de louveterie, s’interroge sur le décès. Aidé par une infirmière, il met à jour des incohérences qui les mèneront jusqu’au canton voisin pour déterrer des mystères plus anciens, qui impliqueraient des notables. Une enquête ténébreuse au cœur de la légende de la bête du Gévaudan.

Les détails dans le livre montrent que vous connaissez bien les lieux…

J’ai vécu à Langogne, j’étais au collège. C’est pour cela qu’une bonne partie de l’histoire s’y passe. Nous faisions du camping sauvage, mon père était amoureux de la Lozère. Plus tard, il a acheté une vieille ferme typique, entre Grandrieu et Chastanier. Nous avons souvent passé des vacances dans cet endroit. C’est mon département d’enfance, de cœur, il incarne mon père.

L’hospice, au début de l’intrigue, existe-t-il vraiment ?

Bien sûr. Il est à Saint-Alban-sur-Limagnole et c’est un ancien château médiéval, fief de la famille Morangiès. Il avait été utilisé pendant les battues de la bête du Gévaudan. Au début du XIXe siècle, il est devenu un asile d’aliénés. Dans cet endroit a débuté la psychiatrie moderne. C’est aujourd’hui un hôpital psychiatrique de renom, François-Tosquelles. Paul Eluard y a été planqué pendant la guerre, des rebelles espagnols également. Il accueille l’office de tourisme de Saint-Alban.

Cécile Baudin sera en dédicace du 11 au 13 juillet 2024 à Saint-Chély-d’Apcher (librairie Le Rouge et le Noir) et à Langogne à la Maison de la presse.
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