JO Paris 2024 : "Le relais de la flamme, une manière d’animer les âmes, de créer du souvenir, du lien et de la cohésion"

  • Dans toutes les régions de France, comme ici à Troyes, on se prépare à accueillir le relais de la flamme olympique.
    Dans toutes les régions de France, comme ici à Troyes, on se prépare à accueillir le relais de la flamme olympique. MAXPPP
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Sociologue du sport, ancien directeur du laboratoire de sociologie à l’INSEP, Patrick Mignon porte un regard lucide et éclairant sur la symbolique du relais de la flamme olympique, qui débarque à Marseille ce mercredi 8 mai.

On sent une attente derrière ce relais de la flamme olympique. Quelle symbolique véhicule-t-il ?

Depuis que Coubertin a monté les Jeux Olympiques, lui et ses successeurs ont soigné la question des rituels. On observe encore une espèce de coubertinisme accéléré. On sait que derrière les exploits sportifs, les Jeux Olympiques servent depuis quelques décennies à autre chose : le prestige national, l’accueil touristique, les investissements… Cette année, dans un contexte français un peu tendu sur fond de dépolarisation, de déprime, j’ai l’impression qu’on insiste sur le côté unité nationale, cohésion nationale. Du coup la flamme prend de l’importance avec cette passation de relais, d’une ville à l’autre.

De l’Everest à l’Espace, ces étapes hors normes…

En avançant dans l’époque moderne, les relais de la flamme ont toujours cherché à repousser les limites de la géographie et de l’originalité. Ainsi, pour les Jeux d’Atlanta 96, la flamme a-t-elle voyagé à bord de la navette spatiale Columbia. Elle est retournée dans l’Espace en 2013, avant les Jeux d’hiver de Sotchi, à bord d’un vaisseau Soyouz jusqu’à la Station spatiale internationale.

En 2000, avant les JO de Sydney, la torche olympique a été transportée sous l’eau par des plongeurs, au voisinage de la Grande barrière de corail, grâce à un équipement spécial.

Des profondeurs, elle est passée au toit du monde en 2008, pour les Jeux de Pékin, emmenée jusqu’au sommet de l’Everest, à 8 849 mètres d’altitude.

On traverse les mers, on monte doucement vers Paris. Une mise en scène qui est censée animer les âmes, la fierté nationale, d’être ensemble, toutes ces notions qui font partie de la naïveté du projet olympique mais qui font toujours plaisir. C’est aussi une manière de mobiliser le mouvement associatif local, ça va créer du souvenir. Il y a cette idée qu’avec la flamme on va entretenir quelque chose dont on va parler et qui créer du lien.

Patrick Mignon, sociologue du sport et ancien directeur du laboratoire de sociologie de l'Insep.
Patrick Mignon, sociologue du sport et ancien directeur du laboratoire de sociologie de l'Insep. P.M.

Les conflits en Ukraine et au Proche-Orient accentuent ce phénomène ?

Oui d’autant que les JO constituent un événement qui va plaire aux gens malgré toutes les polémiques. La petite musique olympique marche et dans ce contexte, on la fait marcher un peu plus. Notre société en a besoin, c’est assez morose, il y a des doutes sur tout et n’importe quoi. On voit bien, d’ailleurs, avant chaque grand événement sportif, que les sondages de popularité sont plombés par des gens qui se foutent du sport mais ont une opinion sur la question. Les sondages d’après-compétition sur l’humeur, le moral, justifieront au contraire les raisons de l’avoir organisé…

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Les critiques qui entourent l’organisation, les transports, la sécurité, vont être balayées quand les Jeux vont débuter ?

Non, ça ne va pas être balayé. Ces dossiers, notamment celui de la sécurité, ne s’appliquent pas qu’aux JO. Cela concerne la politique sécuritaire du gouvernement qui va de la petite délinquance au risque terroriste, avec tout son panel. La question des transports dans Paris n’a pas non plus été inventée par les JO. La parenthèse est juste créée par le sport et par les exploits qui seront réalisés durant cette quinzaine.

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Les commentaires (3)
Mortderire Il y a 12 jours Le 06/05/2024 à 14:42

Au départ les JO étaient réservés aux amateurs, mais justement les amateurs n'amènent pas le fric alors on a rayé le mot amateur.
Quand à l'organisation , la sécurité , les transports, je sent qu'on va bien rigoler :chasser le naturel , il revient au galop. Pensez à cette finale de foot au stade de France.

Anonyme182737 Il y a 13 jours Le 06/05/2024 à 10:50

Les jeux olympiques sont devenus une pompe à fric bien loin de l'esprit originel

UZES Il y a 13 jours Le 06/05/2024 à 12:52

Toutes les grandes manifestations quelles soient culturelles ou sportives sont des pompes à fric, elles coutent forcément beaucoup mais aussi rappotent beaucoup. Le monde a changé depuis les premirs JO, il n'y avait pas la TV, ça change tout.