Feria de Nîmes : des adieux de Enrique Ponce aux saveurs aigres douces

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    MILIB20240517 Midi Libre - MIKAEL ANISSET
  • Talavante a dessiné quelques séries de sa main gauche unique.
    Talavante a dessiné quelques séries de sa main gauche unique. Midi Libre - MIKAEL ANISSET
  • Un David Galvan combattif a coupé une oreille du dernier toro.
    Un David Galvan combattif a coupé une oreille du dernier toro. Midi Libre - MIKAEL ANISSET
Publié le , mis à jour
Stephan Guin

Le lot de Juan Pedro Domecq, au gabarit peu séduisant, a déçu et n’a jamais produit le jeu escompté. Si l’émotion des adieux d’Enrique Ponce restera gravé et la volonté de Talavante et Galvan à saluer, le bilan global de la corrida d’ouverture est bien décevant.

Si la pancarte du "no hay billetes" ne s’est pas affichée devant les arènes, 11 000 spectateurs s’étaient déplacés pour le retour d’Enrique Ponce pour l’ouverture de la Feria de Pentecôte. Une fréquentation positive pour un vendredi à Nîmes.

Malheureusement, les célébrations n’ont pas été à la hauteur de la magnifique carrière du maestro de Chiva dans une corrida où l’ennui a régné la plupart du temps. La faute aux toros de Juan Pedro Domecq aux gabarits incertains et peu homogènes, et des cornes peu offensives pour la première arène de France. Aucun toro n’a réellement rompu pour permettre le triomphe des toreros, la plupart par manque de race et de transmission. Les autres par absence de fonds où les illusions initiales ont été rapidement déçues. Sans parler des tercios de piques symboliques où seul le dernier toro s’est employé lors de la première rencontre.

Car le bilan de quatre oreilles est des plus flatteurs et ne reflète pas le peu d’intérêt des six combats. En dehors du contexte des adieux de Ponce, un trophée pour Talavante et, éventuellement, un second pour Galvan aurait été suffisante.

Une dernière oreille offerte à Ponce 

Cette ouverture de Feria marquait donc le retour dans les ruedos d’Enrique Ponce et ses adieux aux arènes de Nîmes dont il a écrit plusieurs pages d’histoire. Il a débuté devant un Juan Pedro Domecq aussi peu charpenté qu'armé qui a montré les mêmes signes de faiblesse et d’absence de race que le toro d’ouverture. Après deux premiers tercios discrets, le Juan Pedro Domecq se montrait volontiers collaborateur et sans difficulté pour le maestro, mais sa fadeur, son manque de force et son incapacité à charger par le bas n’ont jamais permis une connexion entre le maestro et le public. Ponce mettait fin à une faena de thérapeute sans aucune émotion avec une épée désaxée.

Le second Juan Pedro Domecq du Valencian n’a guère plus brillé lors des premiers tercios. Il a fait illusion au cours de la première série de la faena et tout le public rêvait déjà d’un dernier concerto du maestro. Mais les espoirs s’éteignaient dès la séquence suivante car le toro se déplaçait sans difficulté mais avec une fadeur fatale. Débutait alors une faena remplie de nostalgie où Enrique Ponce déclinait ses meilleures arabesques avec du toreo templé en jouant de la ceinture dans une faena "Canada Dry". Cela ressemblait à du Ponce, mais ce n’était pas Ponce ! Les poncinas finales offraient un dernier moment de partage avec le public mais l’immense figura ne pouvait faire plus face à une telle adversité.

Par moments, on ressentait les difficultés naturelles du maestro à retrouver le sitio après trois ans de retraite. Après une estocade habile et mal positionnée, la présidence accédait à la volonté du public d’offrir un dernier trophée à la figura. Les deux vueltas finales ont été un bon moment de partage et d’émotions entre les spectateurs et leur acteur préféré.

Deux oreilles généreuses pour Talavante 

De son côté, Alejandro Talavante, a récité la variété de son répertoire dès l’accueil de son premier toro à la cape avec des faroles. Ce premier Juan Pedro a fait illusion à la pique en tapant fort sur le peto lors de la rencontre avec le cheval sans s’employer ensuite sous le fer. La faena commençait tambours battants avec une séquence explosive à genoux mais le brave s’éteignait immédiatement par manque de fond au terme de la première série malgré les efforts de l’Espagnol. Une faena qui se terminait difficilement avec un Talavante en grande difficulté à l’épée.

Le second Juan Pedro de Talavante était le plus corpulent mais manquait de cou ce qui allait conditionner ensuite ses difficultés à suivre la muleta par le bas. Après un beau début par statuaires, Talavante parvenait à masquer une partie des lacunes du toro avec ses inspirations habituelles et sa main gauche toujours aussi précise et magique. Son engagement et sa volonté étaient salués par le public, notamment dans le final proche des cornes et il concluait le combat par une estocade sincère. Deux oreilles tombaient du palco : une de trop !

L'effort de Galvan pour arracher un trophée 

David Galvan avait ouvert la feria pour célébrer sa confirmation d’alternative devant un toro au trapio et aux armures éloignées de l’exigence d’une arène de première catégorie. Noble, collaborateur, mais d’une fadeur extrême et d’un manque de force, l’Andalou pouvait réciter un répertoire où l’esthétisme prenait le pas sur le fond qui ressemblait plus à une séance de toreo de salon qu’à un véritable combat. Galvan accompagnait le Juan Pedro Domecq avec douceur dans un style qui rappelait celui de son parrain d’alternative. La conclusion s’est révélée chaotique.

Galvan a clôturé la corrida avec le meilleur toro du jour (disons plutôt le moins mauvais !) qui est sorti avec beaucoup de gaz en le saluant par deux largas à genoux pour revendiquer sa soif de triomphe. Après une bonne pique, la seule de la corrida, le Juan Pedro attaquait la muleta avec promptitude, classe et un beau galop. L’Andalou attaquait sa faena avec deux cambiadas et deux séries droitières bien dessinnées sans jamais lui imposer des charges par le bas : certainement pour ménager ses forces car le toro baissait franchement de rythme au terme de ces échanges initiaux. Peu à peu, le Juan Pedro mettait le frein à main, et Galvan s’employait au fils des cornes et en se croisant au maximum, pour arracher les dernières charges et l'espoir de couper une oreille. Une épée entière lui a permis d’accéder à ses ambitions et un mouchoir tombait du palco.

Il n’empêche, les 11 000 spectateurs ont quitté les arènes en se disant que le dicton taurin était une nouvelle fois respecté : "corrida d’expectation, corrida de déception".

La fiche de la corrida

Arènes de Nîmes.

11 000 spectateurs.

Toros de Juan Pedro Domecq.

Enrique Ponce : salut après avis et oreille après avis.

Alejandro Talavante : silence et deux oreilles.

David Galvan : salut après avis et oreille après avis.

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