Gérard Depardieu jugé en octobre 2024 pour agressions sexuelles : la déchéance d’un monstre sacré du cinéma

  • Gérard Depardieu avait dénoncé en 2023 "un lynchage".
    Gérard Depardieu avait dénoncé en 2023 "un lynchage". MAXPPP - Francois Glories
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Midi Libre

L’acteur, placé en garde à vue lundi, sera jugé en octobre 2024 pour agressions sexuelles.

Gérard Depardieu "sera jugé en octobre 2024 pour des agressions sexuelles susceptibles d’avoir été commises en septembre 2021 au préjudice de deux victimes, sur le tournage du film Les Volets verts", a annoncé, lundi soir, le parquet de Paris.

L’acteur s’est vu "remettre une convocation devant le tribunal correctionnel", précise-t-il. Sa garde à vue, entamée le matin, venait d’être levée. Le monstre sacré du cinéma français, âgé de 75 ans, devait notamment répondre aux accusations d’une décoratrice de cinéma.

"Je vais te planter mon gros parasol"

Selon le récit de la plaignante, relayé par BFMTV, l’acteur l’aurait bloquée dans un couloir entre ses cuisses, la touchant alors au niveau de la taille, des seins et des fesses. Il lui aurait alors tenu les propos suivants : "Je vais te planter mon gros parasol dans ta ch….

Cette mère de famille de 53 ans dit qu’un "piège à loup" s’est refermé sur elle ce jour-là avec une "force phénoménale", au point qu’il a fallu l’intervention d’un tiers pour la dégager.

L’acteur se serait ensuite excusé, ainsi, sous pression de l’équipe de tournage : "Je m’excuse puisqu’il faut s’excuser…"

Mais il l’aurait traitée par la suite à plusieurs reprises de "salope". Une autre femme explique avoir subi des attouchements sexuels en mars 2014, en marge du tournage d’un court métrage de Jean-Pierre Mocky, Le Magicien et les Siamois.

"Ses paluches partout sur mon corps"

Selon ses déclarations, dans Le Courrier de l’Ouest, l’acteur lui aurait touché les fesses alors qu’il recevait l’équipe dans son hôtel particulier, rue du Cherche-Midi à Paris, pour une réunion préparatoire.

Le premier jour du tournage, le 29 mars 2014, il aurait posé "ses paluches partout sur [son] corps", en lui adressant des mots "indécents", relate cette assistante, âgée à l’époque de 24 ans.

Le Président, la statue et la tribune

Gérard Depardieu, dont le comportement est mis en cause, parallèlement, par des actrices, comme Anouk Grinberg, fait face à d’autres procédures.

Depuis décembre 2020, il est mis en examen pour viols et agressions sexuelles sur la comédienne Charlotte Arnould.

En Espagne, rappelle Le Monde, Gérard Depardieu est aussi visé par une plainte de l’écrivaine Ruth Baza qui l’accuse de viol.

Il dénonce un "lynchage"

La plainte déposée par Hélène Darras, évoquant une agression sexuelle lors d’un tournage en 2007, est, elle, classée pour prescription.

En octobre 2023, l’acteur se défendait dans Le Figaro, dénonçant un "lynchage".

"Tout cela m’atteint. Pire encore, m’éteint", disait-il. Deux mois plus tard, le 7 décembre 2023, il se retrouve au centre d’une nouvelle controverse. Complément d’enquête diffuse sur France 2 des images tournées par Yann Moix, lors d’un voyage en Corée du Nord en 2018.

La vidéo choc de Complément d’enquête

Il semble y tenir des propos à caractère sexuel au sujet d’une petite fille. France Télévisions supprime alors ses films de sa programmation. Les fictions dans lesquelles il incarne l’un des rôles principaux sont bannies aussi de la télévision publique suisse.

À Paris, sa statue de cire est retirée du musée Grévin.

Le 20 décembre, Gérard Depardieu reçoit, en revanche, un soutien de poids. Emmanuel Macron dénonce, sur France 5, "une chasse à l’homme". Ses propos, louant un "immense acteur", qui "rend fière la France", valent cependant au chef de l’État des critiques dans les rangs des féministes.

Cinq jours plus tard, le jour de Noël, paraît dans Le Figaro une tribune appelant à la présomption d’innocence et à ne pas "effacer" l’acteur. Un cadeau empoisonné pour l’acteur. Plusieurs signataires se rétractent rapidement, notamment en raison du profil sulfureux de son auteur. L’effet est désastreux.

Et une contre-tribune est signée en réponse par 600 artistes.

Réunion lundi autour des violences sexuelles à l’hôpital

Cette garde à vue de Gérard Depardieu intervient au moment même où le mouvement Metoo, qui a secoué de nombreux secteurs, des médias à l’armée, est relancé dans le cinéma après de nouvelles accusations de Judith Godrèche poussant le 7e Art à davantage protéger les mineurs sur les tournages.

Le ministre de la Santé, Frédéric Valletoux, rencontrait, lui, lundi des internes et autres représentants de l’hôpital, éclaboussé à son tour par le scandale.