Enfants et écrans : qu'est-ce que les nouvelles recommandations changent vraiment ?

  • L'édition 2017 de l'étude Junior Connect' 2017, réalisée par Ipsos, révélait déjà que les enfants âgés de 1 à 6 ans passaient en moyenne 4h37 sur internet par semaine.
    L'édition 2017 de l'étude Junior Connect' 2017, réalisée par Ipsos, révélait déjà que les enfants âgés de 1 à 6 ans passaient en moyenne 4h37 sur internet par semaine. kieferpix / Getty Images
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Un rapport d'experts sur l'exposition des enfants et des adolescents aux écrans, a été remis ce mardi 30 avril à Emmanuel Macron. Mais celles-ci sont-elles réellement différentes de ce qui était préconisé jusqu'alors à l'échelle nationale et internationale ? Voici ce que préconise le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) et l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) depuis plusieurs années.

La commission d'experts missionnée par le chef de l'Etat préconise notamment d'interdire l'usage des écrans, quels qu'ils soient, aux enfants âgés de moins de 3 ans, et d'interdire les téléphones portables aux enfants âgés de moins de 11 ans.

Ce n'est pas tout puisque les spécialistes recommandent également de limiter l'accès au téléphone portable entre 11 et 15 ans. Il s'agirait notamment de permettre aux enfants de posséder un téléphone dès 11 ans mais sans accès à internet jusqu'à 13 ans, puis sans accès aux réseaux sociaux jusqu'à l'âge de 15 ans.

Des recommandations qui ne seraient finalement pas si éloignées de celles faites par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) au niveau mondial et par le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) au niveau national jusqu'alors, voire par certains psychiatres de renom. La preuve par trois.

Limiter les écrans avant 5 ans en France

Pour les enfants les plus petits, à savoir avant l'âge de 3 ans, les recommandations étaient jusqu'alors sensiblement les mêmes que celles formulées dans le rapport remis ce jour au président de la République. Le HCSP préconise de "proscrire [les écrans] si les conditions d’une interaction parentale ne sont pas réunies".

Contrairement aux nouvelles consignes faites par le comité d'experts, ces conseils ne concernent toutefois que les plus jeunes, stricto sensu, mais le HCSP recommande également d'interdire les écrans 3D pour les enfants âgés de moins de 5 ans, d'éviter les écrans dans la chambre des enfants, de proscrire leur usage une heure avant le coucher, et d'"accompagner la consommation d'écran en fonction des écrans, des catégories d'âge et des contenus".

Pour rappel, l'édition 2017 de l'étude Junior Connect' 2017, réalisée par Ipsos, révélait déjà que les enfants âgés de 1 à 6 ans passaient en moyenne 4h37 sur internet par semaine, soit 55 minutes de plus par rapport à 2015, et contre 'seulement' 2h10 en 2012. Notons également qu'en théorie, les adolescents de moins de 13 ans ne sont pas censés pouvoir s'inscrire sur les réseaux sociaux, et que la majorité numérique est même fixée à 15 ans par la loi du 7 juillet 2023.

Quid des consignes à l'échelle mondiale 

Les recommandations de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) en matière d'exposition des enfants aux écrans sont sensiblement différentes, bien qu'il s'agisse là encore de les limiter au maximum avant l'âge de 5 ans. Dans le détail, l'autorité sanitaire explique : "Il n’est pas recommandé de placer un enfant d’un an devant un écran (pour regarder la télévision, une vidéo ou un jeu vidéo). A deux ans, une heure devant l’écran doit être un maximum; moins, c’est mieux". Une heure maximum, c'est également ce que préconise l'OMS pour les enfants âgés de 3-4 ans.

Au Canada, la société de pédiatrie martèle les mêmes recommandations, bien que ces dernières paraissent plus poussées. On peut lire dans un guide adressé aux parents : "Le temps d’écran n’est pas recommandé chez les enfants de moins de deux ans. Chez les enfants de deux à cinq ans, limitez le temps d’écran régulier à moins d’une heure par jour".

Il n'y a en revanche pas de consignes liées à la durée, ou d'interdiction, pour les enfants âgés de plus de 5 ans. La société canadienne de pédiatrie recommande toutefois, entre autres, d'établir un "plan médiatique familial", et de le modifier de façon régulière pour mettre à jour "le temps individualisé" et "les limites de contenu", mais aussi de parler desdits contenus avec ses enfants et de se montrer disponible et présent lorsque les enfants font usage des écrans.

De l'importance de la règle des 3-6-9-12

On peut constater que les nouvelles recommandations remises à Emmanuel Macron sont bien plus précises que celles émises jusqu'alors par les autorités sanitaires nationales et internationales, mais ça serait oublié qu'il existe une règle bien plus spécifique, précise et stricte, celle des 3-6-9-12, développée dès 2008 par le psychiatre Serge Tisseron et régulièrement mentionnée par la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives.

Il s'agit cette fois d'éviter les écrans avant l'âge de 3 ans, de les limiter entre 3 et 6 ans "de une demi heure à 3 ans à 1 heure maximum par jour à 6 ans", de fixer des règles avec l'enfant entre 6 et 9 ans (sans préciser de limite de temps), puis de "l'encourager à gérer son temps d’écran distractif" et de privilégier "un téléphone à clapet sans Internet ni écran tactile" entre 9 et 12 ans. Des recommandations qui s'apparentent davantage à celles présentées ce jour à Emmanuel Macron.

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Les commentaires (2)
que dire ? Il y a 15 jours Le 01/05/2024 à 11:03

comme d'habitude, ne sera jamais appliqué

pamal Il y a 15 jours Le 01/05/2024 à 10:40

Interdire l'usage des écrans ... c'est une formulation aussi stupide que de supprimer les verres pour lutter contre l'alcoolisme!