"14 témoins le décrivent comme un prédateur" : condamné à 10 ans pour viols, le vigneron audois Michel Bataille veut être libéré
L'ancien directeur des Vignobles Foncalieu, qui rassemblent 800 producteurs audois et héraultais à Arzens, près de Carcassonne, avait démissionné en 2015 après sa mise en examen pour les viols de deux salariées. Il a été condamné le 18 novembre par la cour d'assises de l'Aude, statuant à huis clos. Il conteste les faits, a fait appel et demandé ce mardi 5 décembre sa remise en liberté devant la chambre de l'instruction à Montpellier.
"Mon pouvoir d'il y a vingt ans a complètement disparu, je suis très attaché à ma terre, et je ne peux pas organiser mon départ." Deux semaines après sa condamnation pour viols à dix ans de réclusion criminelle par la cour d'assises de l'Aude, qui avait statué à huis clos, Michel Bataille, l'ancien directeur des Vignobles Foncalieu, la coopérative audoise d'Arzens, près de Carcassonne, qui réunit 800 producteurs audois et héraultais, a demandé sa remise en liberté mardi 5 décembre devant la cour d'appel de Montpellier.
Une très longue procédure judiciaire
Âgé de 69 ans, le vigneron, qui nie les accusations, a fait appel de sa condamnation, survenue à l'issue d'une très longue procédure judiciaire, qui avait provoqué sa soudaine démission surprise en 2015, alors qu'il dirigeait d'une main de fer une centaine de salariés. Il était depuis sous contrôle judiciaire, et interdit de tout contact avec la coopérative, qui s'est portée partie civile aux assises.
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Violée après un conseil d'administration
Au cœur de l'affaire, deux salariées qui étaient à son contact proche et qui ont dénoncé un comportement similaire à leur égard : une surcharge de travail, puis des propositions sexuelles et des actes qu'elles disent leur avoir été imposés, et auxquels elles n'ont pas su, ou pas pu s'opposer. L'une affirme avoir été violée brutalement en 2009, dans les locaux vides après un conseil d'administration. Une relation violente : "Le pied du bureau s'est déboité" a raconté la victime, qui a aussi évoqué un déplacement en voiture où il s'est soudainement arrêté et a abusé d'elle, après avoir prévenu: "J'ai envie de te baiser." L'autre aurait également fini par céder, "en espérant qu'ensuite il la laisserait tranquille." Toutes deux ont par la suite été licenciées, et ont fait reconnaître aux prud'hommes une situation de harcèlement moral et sexuel.
"Une chape de plomb dans l'entreprise"
"Il y a eu pendant des années une chape de plomb dans cette entreprise" dénonce devant la chambre de l'instruction Me Nicolas Domenech, partie civile pour les deux plaignantes, qui assistent à cette audience publique. "Il a été suffisamment efficace pour que rien ne se sache, soit en achetant les gens, soit en faisant pression, soit en leur faisant peur" souligne l'avocat qui voit chez lui, expertises psychologies à l'appui, "un véritable don pour avoir une emprise sur les autres."
Droit de cuissage
L'avocat général s'oppose à toute remise en liberté, par crainte de pression sur les plaignantes. "Quatorze témoins parlent d'un prédateur, d'un charmeur, d'un gourou avide de propositions sexuelles" insiste-t-il. "Il n'y a aucune remise en cause de sa part, il considère qu'il était dans son droit, un droit de cuissage, ce qui montre qu'on est dans un autre temps."
Me Mimran livre une autre lecture du dossier, rappelant que "tous les magistrats avant son renvoi par votre chambre aux assises avaient conclu à un non-lieu pour les viols, en l'état d'une participation active des plaignantes, et d'une absence de signes de non-consentement. Le débat est très complexe, le dossier est loin d'être joué" estime la pénaliste nîmoise, qui ne le suivra pas en appel: "J'arrête mon activité au 31 décembre."
Sans un mot pour les deux femmes qui l'accusent, Michel Bataille, l'air très sûr de lui, détaille les obligations professionnelles qui justifieraient sa libération : "Je suis indispensable pour faire tourner mon exploitation, et je mène un dossier avec la chambre d'agriculture de l'Hérault à la recherche de cépages adaptés à l'évolution climatique." Décision le 12 décembre.
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