#Metoo Hôpital : "Je l’imagine avec un fouet et des bottes", quand Agnès Buzyn était victime du sexisme des professeurs de médecine
Dans un documentaire diffusé ce dimanche 5 mai sur M6, l’ancienne ministre de la Santé raconte ce à quoi elle s’est heurtée quand elle est devenue professeure en hématologie, à 40 ans, à l’hôpital Necker. Victime de harcèlement et de dénigrement, elle a abandonné son métier quatre ans plus tard.
"Qu’on me renvoie à un fantasme sexuel était atroce !" Alors que le mouvement #Metoo Hôpital secoue depuis plusieurs semaines le milieu médical, l’ancienne ministre de la Santé Agnès Buzyn témoigne dans un documentaire diffusé ce dimanche 5 mai sur M6, "Des blouses pas si blanches" du sexisme et des situations de harcèlement dont elle a été victime dans sa carrière de médecin à l’hôpital public.
Avant d’être ministre de la santé, Agnès Buzyn a eu une brillante carrière de médecin en hématologie à l'hôpital public. Du fait de son poste à haute responsabilité, elle va subir des violences sexistes pendant 4 ans qui vont la pousser à quitter son métier de médecin…… pic.twitter.com/UbvXC6yOQi
— M6 (@M6) April 17, 2024
"Le président de la communauté médicale avait dit, oui, Agnès Buzyn est venue me voir dans mon bureau pour me parler de sa candidature comme professeure. C’est drôle, à chaque fois que je la vois arriver dans mon bureau, je l’imagine avec un fouet et des bottes. Enfin c’est incroyable ! Incroyable ! " raconte la spécialiste d’hématologie, devenue professeure en titre alors qu’elle était médecin depuis déjà vingt ans.
"Il y avait 32 membres, 32 hommes"
Le jour de sa titularisation, "Je rentre dans la salle, il y avait 32 membres, 32 hommes. C’était en 2003, j’avais 40 ans. C’est ce jour-là que j’ai réalisé l’anomalie. Je me suis dit comment se fait-il que dans un groupement hospitalier qui comprend l’hôpital européen Georges Pompidou, l’hôpital Necker, l’hôpital Cochin, comment se fait-il que pour une commission qui doit identifier les futurs cadres de l’hôpital, comment se fait-il qu’ils n’aient trouvé que 32 hommes et aucune femme ? Et là j’ai compris qu’il y avait un dysfonctionnement grave."
"Ils ne supportaient pas d’avoir une femme hiérarchiquement au-dessus d’eux"
Dès lors, elle va susciter l’hostilité de certains de ses collègues. "Du jour au lendemain, alors que je suis la même personne, que je prescris les mêmes choses, que je fais le même métier que deux jours avant, le fait d’avoir un titre les rend fous furieux. Et tout d’un coup je sens une immense agressivité de mes collègues, immense. En fait j’ai ressenti que les hommes ne supportaient pas d’avoir une femme hiérarchiquement au-dessus d’eux."
"J’étais présuicidaire"
Elle va alors devenir une cible, et subir quatre ans de harcèlement qui vont avoir raison de sa vocation. "J’ai cru que j’allais mourir, sincèrement, ça a été d’une telle violence, une telle mise à l’écart… J’étais épuisée. Sincèrement je pense que si je n’avais pas eu des enfants, à cette période-là, j’étais vraiment pré-sucidaire, ça devenait tellement fou que j’ai décidé de m’extraire de mon métier de médecin."
Aujourd’hui encore, rappelle 70 % des praticiens universitaires et hospitaliers en activité sont toujours des hommes alors que plus d’un médecin sur deux est une femme.
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