Téléphone chez les enfants et adolescents : les parents s’inquiètent, "tout tourne autour de ça dans la cour d’école"

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  • En moyenne, les Français ont leur premier téléphone à 9 ans et 9 mois.
    En moyenne, les Français ont leur premier téléphone à 9 ans et 9 mois. ILLUSTRATION UNSPLASH. - Paul Hanaoka
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Le 30 avril 2024, des experts ont publié un rapport alarmant sur l’utilisation des écrans par les plus jeunes. Déconnexion avec la réalité, faille de sécurité, images violentes… Autant de risques qui poussent les parents à s’interroger : "Devrais-je offrir un téléphone à mon enfant ?"

Les réseaux sociaux sont un "facteur de risque" de dépression ou d’anxiété, "le niveau d’exposition" des enfants aux contenus pornographiques est "alarmant" et l’hyperconnexion subie par les mineurs pourrait avoir des conséquences pour l’avenir "de notre société, notre civilisation". Le ton est posé. Face au rapport d’experts commandé par le Président, les parents ont de quoi s’en faire.

Dans l’intimité des familles, à l’abri du regard scientifique ou d’analyses aseptisées, nombreux sont les adultes qui craignent pour la santé, le développement et le bien-être de leurs progénitures. Car entre 8 et 16 ans, une question les taraude tous : "Papa, maman, est-ce que je peux avoir un téléphone." Terminée l’innocence d’une vie déconnectée, les voilà plongés dans le grand bain des pixels.

Le pied dans la porte

Alexandra vit avec son conjoint et ses deux filles à Fontanès, dans le Gard. La plus âgée a 9 ans. L’idée lui est venue de ses grands-parents il y a trois ans, enthousiastes à l’idée de lui offrir un premier smartphone. Pour eux, c’était l’occasion d’échanger davantage avec leur petite fille. Pour sa mère, une épée de Damoclès 2.0. Les années passant, le sujet du téléphone s’est imposé partout : "Les copains et les copines avaient eux-mêmes leur propre portable", "ils montaient des groupes WhatsApp", "tout tourne autour de ça dans la cour d’école. Et je ne parle pas des danses qu’ils apprennent entre eux, vues sur TikTok !"

Les parents de la fillette s’accrochent : "Il nous paraissait incontournable qu’elle en aurait un pour le collège, où elle serait plus grande, plus mature, plus indépendante." En début d’année, le sujet revient une énième fois sur la table. Ils n’ont pas de téléphone fixe à la maison, et la question se pose de lui offrir un smartphone afin qu’elle puisse passer une heure ou deux sans ses parents chez elle de temps à autre. Et puis désormais, le jeudi, elle rentre seule de l’école, un argument qui joue en faveur de l’acquisition du petit boîtier numérique.

Finalement, Alexandra "abdique" : "Nous lui avons donné un portable ancienne génération et ouvert une ligne à 2 euros par mois avec des conditions restrictives : aucun réseau social, que des appels et SMS à la famille, pas d’échange de numéros avec les copains, le portable reste à la maison, intégration du contrôle parental et 2 h d’utilisation par jour maximum."

"Après quatre mois, elle a déjà échangé son numéro avec quatre copines, elle envoie des SMS trop souvent à mon goût, on est tombé dans le panneau, comme tous les parents de l’école a priori." Guidée par la nostalgie d’une innocence numérique, la mère de famille regrette : "Je persiste à dire qu’elle est trop jeune et que c’est inutile à cet âge."

Faire confiance

Quand les parents de Louise, 18 ans, lui offrent son premier téléphone portable, elle est en 4e. À treize ans, elle se retrouve plongée dans le grand bain : "Je n’ai pas eu de contrôle parental, ou d’interdictions d’avoir mon téléphone dans ma chambre, ou à l’école." Fille de parents divorcés, elle fait 300 kilomètres de train deux week-ends par mois pour aller voir son père. Le portable est un incontournable pour les rassurer.

"Au début, j’étais beaucoup sur mon téléphone, je voulais découvrir. Mais je me suis rapidement fixée des limites, je sais qu’on peut vite devenir accro. Je n’ai pas étalé ma vie, je sais que les gens s’en moquent. Avec mes amis, c’est pareil, ils savent qu’il ne faut pas tout montrer, que les gens n’ont pas à être au courant de tout ce qu’on fait", explique la jeune adulte.

Au collège, puis au lycée, pas de prévention. C’est elle, en constatant des dérives telles que le harcèlement et le partage de photos intimes, qui s’est elle-même éduquée : "On entend beaucoup parler de cyberharcèlement, un mec bizarre m’a contacté un jour… Mais dans ces cas-là je bloque."

Biberonnée aux réseaux sociaux comme tous les jeunes de son âge, Louise, qui aspire à étudier la psychologie à Montpellier, a profité des informations partagées en ligne pour mieux avoir conscience des dérives qu’elles pouvaient entraîner. Ni épée de Damoclès ni boîte de Pandore, le téléphone avec lequel elle a grandi est devenu un moyen de s’informer et de communiquer, inoffensif tant que bien maîtrisé.

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Les commentaires (1)
Anonyme143775 Il y a 12 jours Le 07/05/2024 à 01:30

Dans de très nombreux cas, beaucoup trop à mon avis, il transforme les gens en zombies complètement déconnectés et inconscients. Suffit de voir les piétons, cyclistes, motards, automobilistes en ville, tous le nez sur leur portable, de temps en temps ils regardent devant eux, au dernier moment pour éviter l'accident...
Y'a deux semaines, je suis allé roulé au petit bike park du baillarguet, un lieu facilement reconnaissable au baillarguet, avec aménagement, rampes, bosses & co.... Plutôt connu et ça fait des dizaines d'années qu'il est là. A la réception d'un saut, alors que j'arrivais assez fort, la surprise de constater au dernier moment qu'une teen était assise là, sur la rampe, avec sa copine un peu plus loin qui la prenait en photo. Pourtant je roule avec une cloche pour prévenir donc elles ne peuvent pas dire qu'elles ne m'ont pas entendu. Je l'ai évité je ne sais comment, mais le choc aurait pu être violent et lui occasionner de graves blessures. Je m'arrête un peu plus loin et forcément je revient un peu furax leur demandant ce qu'elles font en plein milieu de la rampe, réponse "oh mais c'est bon on fait des photos, c'est à tout le monde la nature". J'explique que c'est une rampe de réception pour les vtt et que y'a bien d'autres endroits où s'assoir et faire des photos que celui-ci. "Oh mais ça va, on a tué personne boomer", toute indignée. Et à ce moment j'entends un bruit de roue libre qui se rapproche très vite, et je lui hurle "bouge !!!". Elle a juste eu le temps de répondre "mais quoi euh !!", avant qu'un autre vttiste vienne s'écraser dans son dos à facile 40km/h. Forcément bobo, en larmes, pompiers tout ça. Le vttiste, avec les protections, il n'a quasiment rien eu, juste un superbe otb, la roue avant bien voilée, et bien la haine. La fille, 2 vertèbres fissurées, mais pas cassées, grosse entorse des cervicales, plusieurs lacérations dans le dos, petite commotion, et clavicule droite cassée. Elle est en fauteuil et en a pour 2 mois. Sa copine n'a évidemment pas manqué de faire des photos d'elle éclatée à terre, ou sur la civière et dans le fauteuil. Suis sûr que si elles n'avaient pas eu de portables ni de compte insta ou tictoc ou autre truc de nolife, elles n'auraient jamais fait un truc si stupide.